TRAVAUX EN LOGE 6013

PHILIPPE EGALITE

le Lundi 14 octobre 6013

 

 

Louis Philipe Joseph d’Orléans, prince de sang, est plus connu sous le nom de Philippe Egalité, nom qu’il choisit durant la révolution. 

Ayant voté en 1793, la mort de son cousin Louis XVI, devenu alors régicide pour la postérité, il fut honni par ses pairs de l’aristocratie qui l’affublèrent de tous les défauts. Incompris voire rejeté, l’histoire ne le considéra jamais comme un héros de la révolution, défenseur d’égalité et de fraternité. 

Grand maître de la franc-maçonnerie française de 1771 à 1793, il ne fut même pas soutenu par notre communauté qui ne le reconnut jamais comme un homme de bonnes mœurs tourné vers la lumière. 

Finalement emporté par la tourmente de la Terreur, il fut exécuté le 06 avril 1793.

Deux cent vingt ans après sa mort, malgré les nombreux livres écrits sur lui, cet homme reste une énigme et quand des auteurs se prononcent sur sa personnalité, la plupart du temps, leurs conclusions viennent étayer des partis pris dont la majorité reste à charge.

Pour moi, cette condamnation est trop systématique. Sachant comment l’histoire sait être réécrite souvent au profit d’un homme ou d’un parti,  ou pire encore, de cette  hérésie appelée aujourd'hui le politiquement correct, je vais essayer durant ces quelques minutes de vous présenter la vie de ce personnage historique qui pourrait s’avérer beaucoup  moins caricatural que celui qu’on veut bien nous présenter.

Qui est Louis Philippe Joseph d’Orléans ?

Il est né le 13 avril 1747 dans la branche des Orléans, c'est-à-dire les descendants directs de Monsieur, frère de Louis XIV. A la mort du roi soleil, son fils appelé Louis le Juste et son petit fils Louis, duc de Bourgogne étant déjà décédés et son arrière petit fils, le futur Louis XV n’ayant que 4 ans, c’est le fils de Monsieur soit l’arrière grand père de Louis Philippe Joseph qui devient régent de France.

 

Pour la petite histoire, rappelons que dans son testament, Louis XIV n’avait pas désigné comme successeur son neveu, le Duc d’Orléans, mais il avait choisi le Duc du Maine, son fils légitimé qu’il avait eu avec madame de Montespan.

Si son neveu et également gendre du roi, puisque le Duc d’Orléans avait épousé sa fille également légitimée qu’il avait eu avec Madame de Montespan a réussi à s’installer à la tête du royaume, c’est grâce aux nombreuses et différentes alliances qu’il a su ourdir en nombre. Certes ces complots permettront aux Orléans de diriger le royaume mais in fine, ils diminueront de façon significative le pouvoir de la noblesse et participeront ainsi à la grande marche de la société vers la révolution.

 

Durant cette période troublée de la régence, nous verrons également fondre définitivement la richesse du royaume avec la faillite de la Banque Law, première émettrice en France d’actions et de monnaie papier.

 

Certes, Louis Philippe Joseph n’a pas connu la régence mais il est certain que cette gouvernance fondée sur les compromissions, les alliances contre-nature et la spéculation accompagnées d’une recherche de plaisir et de bien-être a fortement marqué la famille d’Orléans et l’éducation des descendants du Régent.

 

A la mort de son grand père Louis Philippe Joseph a 5 ans. Fait Duc de Chartres, il est par lignée le représentant direct des familles Chartres,Valois et Orléans. En 1769, il se marie avec la fille du Duc de Penthièvre, unique héritière de la fortune de tous les biens des bâtards de Louis XIV. Par la dot de sa femme, il devient avec son cousin le roi Louis XVI l’homme le plus riche de France.

 

Si son épouse très catholique est ancrée dans la tradition, Louis Philippe Joseph affectionne les plaisirs de la table et de la chair auxquels il ajoute la passion du jeu.

 

Six enfants naîtront de cette union, mais le couple bat rapidement de l’aile et le duc de Chartres entretiendra des liaisons notables dont naitront deux autres enfants illégitimes.

 

Nous pouvons noter qu’avant ce mariage, pour rapprocher les familles Saxe et Orléans, on avait voulu marier le duc de Chartres avec la fille d’Auguste III, roi de Pologne. Louis XV s’opposa à cette union prétextant que le Duc de Chartres n’étant pas fils de France, le mariage n’était pas possible.

Il est probable que cette interdiction ait continué à alimenter les griefs de la famille d’Orléans à l’encontre de la branche royale des Bourbons.

 

 

Revenons à la période de sa jeunesse : Louis Philippe Joseph se signala par une opposition systématique à la politique de la cour. Déjà, sous Louis XV, il avait critiqué la réforme Maupéou, du nom de ce chancelier qui avait dissous l’ancien parlement, refuge d’incompétences et bastion des privilèges de la grande noblesse.

 

En 1771, alors que tout aurait dû inciter le duc de Chartres à siéger dans le Nouveau Parlement, beaucoup plus ouvert aux réformes et aux nouvelles idées que l’ancien, il s’y refusa systématiquement entrainant le courroux de son roi.

 

C’est cette même année 1771, qu’il se fit élire Grand Maître de la F.M…- française rassemblée à l’époque en une seule obédience, le Grande Loge de France.

 

Bref rappel historique : Créée aux alentours de 1736 à l’initiative du Chevalier de Ramsay, la Grande loge de France se développera sous l’impulsion de nobles éclairés comme  le Duc d’Antin et le Comte de Clermont. Ce dernier, Louis de Bourdon Condé était prince de sang et avait été élu par une assemblée de seize maîtres.

 

C’est à la mort de ce dernier que le Duc de Chartres fut également élu Grand maître de toutes les loges régulières de France.

 

Deux ans plus tard, afin de mettre fin à des dissensions internes (déjà), une nouvelle obédience fortement centralisée, vraiment nationale fut créée  prenant comme nom le Grand Orient de France.

Au cours de sa première assemblée générale, le Duc de Chartres y fut à nouveau désignée comme Grand maître.

Une loge dissidente, plus parisienne se créa mais en 1789, toutes deux affaiblies par le Révolution fusionnèrent.

 

 

Quelle est l’importance de la F.M…dans la Révolution Française

Il est certain que si nous pouvons affirmer que nombre de F… ont activement préparé la Révolution, il est tous aussi certain d’affirmer que la quantité restreinte de frères dans la société et l’appartenance de nombre d’entre eux à la noblesse relativise son action. Du fait de cette partenance sociales des F..., la plupart des loges vire dès 1789 leurs effectifs fondrent car beaucoup d’entre eux furent obligés d’émigrer ou plus tragiquement finirent sur l’échafaud avec souvent comme conséquence la dissolution de leurs loges.

 

Aussi, pour ne pas alimenter les rumeurs les plus obscures qui accréditent la théorie du complot maçonnique, nous devons reconnaître que, contrairement à la guerre d’indépendance des Etats Unis, l’importance la  F. M… sous la révolution peut être relativisée. En revanche, force est de constater que la proportion des F.M… au sein des groupes ou assemblées qui œuvrèrent activement à la construction de la révolution française est réelle, surtout en son début et un grand nombre de textes législatifs, décrets ou autres écrits est exclusivement le fruit du travail de nos anciens. 

Je ne m’étendrai pas sur ce sujet qui pourrait être retenu pour un travail ultérieur.

 

 

Revenons à notre Duc de Chartres, sa nomination et son contact permanent avec des F…véhiculant les idées nouvelles enracineront en lui ce sentiment d’indépendance vis-à-vis de la royauté de droit divin et des pouvoirs de l’église. Au sein de l’obédience, le Duc s’entoura de nombreux F…. ouverts aux idées nouvelles. Citons  les plus improtants :Mirabeau, Desmoulins et Choderlos de Laclos. Choisi comme secrétaire par le duc, ce dernier fut extrêmement actif dans la création du courant appelé la Faction d’Orléans recherchant la destitution des Bourbons au profit de ceux d’Orléans. S’il fut moins dévoué à la cause des Orléans, un autre F…, également secrétaire du Duc d’Orléans, aura un des plus grands rôles dans cette révolution naissante : Jacques Pierre Brissot. Il finira comme son maitre sur l’échafaud.

 

Durant ces années de réfléxion voire de complot, Louis Philippe Joseph refusa de façon systématique à participer à la conduite des affaires du royaume entraînant à force le courroux du vieux roi Louis XV qui le condamna à l’exil dans ses terres.

 

Ce fait est intéressant car il pointe sur le personnage sa première grande ambigüité. Certes, il fut exilé pour avoir critiqué des décisions royales mais l'édit royal contre lequel il se battit de la façon la plus virulente fut la création du nouveau parlement porteur d’espoir et de justice!

 

 

A l’avènement de Louis XVI, il retrouva sa place à la cour et comme Duc de Chartres, il sollicita la survivance de la charge de grand amiral de France qu’exerçait son beau-père, le Duc de Penthièvre. Il ne l’obtint pas, mais se consola avec la charge de lieutenant-général des armées navales.

 

De cette nomination résultera un fait historique qui aura une importance majeure pour le Duc de Chartres : la bataille navale d’Ouessant.

Le 27 juillet 1778, au large de Brest,  le Duc de Chartres commandait l’« escadre bleue », soit un tiers de la flotte du Ponant, trente-trois vaisseaux de ligne mobilisés pour la première grande bataille navale de la guerre contre l’Angleterre.

 

Pour cette bataille, l’Angleterre avait engagé une grande partie de sa flotte pour détruire les navires de guerre français qui permettaient d’acheminer des hommes et des marchandises aux Etats unis en soutien à la guerre d’indépendance. Malheureusement, cette bataille navale ne vit pas la défaite franche des anglais. La flotte britannique réussit à échapper à une plus importante destruction sans doute à cause de la lenteur de la réaction de l'escadre bleue. D’après les rumeurs de l’époque, c'est le Duc de Chartres, son commandant, qui n’aurait pas réussi pas à faire exécuter à temps un ordre qui aurait permis de couper la retraite de la flotte anglaise et ainsi de la détruire.

Alors qu’il s’agit d’un acte de guerre qui a fait l’objet d’enquêtes dès le lendemain de son déroulement, le duc de Chartres échappe une nouvelle fois à tout jugement rationnel et factuel à son encontre. Tous les écrits sur cette bataille seront comme tous ceux qui sont liés à Philippe Egalité; ils seront sujets à caution se résumant à une prise de parti pour ou contre l’homme plutôt qu'à une instruction objective d'un fait historique parmi tant d'autres.

Admettons le, cet homme focalise tellement les passions, qu'il est toujours pris en tenaille entre ceux qui le chargent et ceux qui le défendent. De part et d’autres d’un camp, chacun y va de sa fausse ou contre information alimentant à jamais la rumeur, les inexactitudes historiques qui rendront illisibles à jamais la réalité du Duc de Chartres.

Certes, il était tentant et facile de mettre en cause un prince du sang, son ascension rapide et ses visées sur la charge d'amiral de France ou son immense richesse pouvaient susciter une certaine animosité à son encontre mais au point de le faire passer pour le dernier des lâches ayant fui devant la mitraille, cela reste sujet à caution!

A l’opposé, nous trouvons une autre version du Duc de Chartes qui, par sa perspicacité a tenté à sa propre initiative d’enfoncer la ligne anglaise et aurait contribué à la victoire.

Alors!

Cette dernière version sera reprise par ses défenseurs et par le peuple de Paris qui lui fera une réception triomphale à son retour de Bretagne.

Cette manifestation de popularité indisposa grandement son cousin le roi Louis XVI qui, prêtant vraisemblablement une oreille attentive aux allégations circulant alors à la Cour le « libéra » aussitôt des ses fonctions et le nomma, en « récompense », colonel-général des hussards. Il est à noter qu’à l’époque, contrairement aux dragons ou aux soldats de ligne, cette arme « légère» était méprisée par les nobles. Dès lors, ces derniers raillèrent immédiatement le « Courage du Duc de Chartres, aussi léger que ses troupes »

Louis Philippe Joseph vécut très mal cette disgrâce.  Furieux contre cette  décision qu’il considérait comme profondément injuste, pour laver cet affront, il demanda en 1780 de faire partie du corps expéditionnaire de Rochambeau qui partait pour les Amériques. L’interdiction du Roi contribua à nourrir un peu plus l’agressivité du duc de Chartres. Si nous prenons en compte, à la même époque la jalousie de Louis XVI vis-à-vis de son cousin du fait de la présence assidue de ce dernier à la cour de Marie Antoinette, nous pouvons constater que la rupture entre les deux hommes devint à cet époque définitive

 

C’est dans ces années que le Duc de Chartres investit le Palais Royal, résidence de son arrière grand père le régent. Il en avait hérité mais son immense fortune, sa vie dispendieuse, sa passion du jeu, ses affaires hasardeuses avaient fait de lui un des hommes les plus endettés du royaume.

Pour  retrouver des moyens financiers nécessaires à son train de vie, il se lança durant ces années 1780 dans ce que nous pourrions appeller aujourd’hui une gigantesque opération immobilière: la plus grande du royaume. Avant l’heure, il construisit en VEFA soit des opérations de construction avec ventes ou locations en futur achèvement comme actuellement la majorité de nos grandes surfaces.

Il commençe par faire bâtir des boutiques pour les louer tout autour de sa résidence du Palais-Royal. sur le jardin, il fait aligner 180 arcades séparées par des pilastres (encore des colonnes) éclairées par 188 réverbères suspendus sous le cintre des arcades. Chaque maison comprend un rez-de-chaussée et un entresol donnant en retrait sur la galerie, un étage noble et un second plus réduit. Le troisième étage et les combles destinés aux domestiques sont à demi cachés par une balustrade supportant des vases. Il fait construire une nouvelle salle d’opéra et nomme les rues alentours du nom de ses fils (Montpensier, Beaujolais et Valois).

Au centre du jardin, il implante un cirque entouré de 72 colonnes corinthiennes abritant en sous sol, une galerie commerciale de 40 boutiques.

 Hormis le cirque, le Palais Royal dont nous profitons aujourd'hui est celui que nous a laissé le duc d’Orléans.

 

Le duc de Chartres avait transformé Paris. Le Palais-Royal devenait le centre du commerce et des plaisirs de la capitale avec plus de 180 boutiques qui attiraient une foule considérable.

Dans un premier temps, cette formidable spéculation, l’enrichit beaucoup mais cette activité de promoteur immobilier, bref de marchand lui retira totalement l’estime de la Cour. De plus, à partir de 1784, le Palais-Royal devenant le lieu de distraction recherché, il draina toutes les populations attirant de plus en plus une faune très populaire et plus particulièrement de nombreuses prostituées. Si le lieu était mal famé, il était surtout le foyer politique de la future révolution, où se regroupaient autour du nouveau Duc d’Orléans (par la mort de son père en 1785) de nombreux  voire les plus actifs opposants au régime.

Désormais Louis Philippe Joseph est à la cime de sa puissance avec une influence énorme au sein de ce royaume de France qui tangue de toute part. 

En 1787, lors de l’Assemblée des Notables, il bascule définitivement et prend nettement parti contre le pouvoir royal.  Le 19 novembre 1787  passe à l’offensive « ouverte » lors de la  première fronde parlementaire.

Il est indéniable que ce jour là, avec force d'arguments, le duc d’Orléans a «frappé les trois coups» de la Révolution. Devant le refus du roi de d'accepter de lever de nouveaux emprunts qu’à la condition de convoquer avant les Etats généraux, Orléans se leva et interpella son cousin, lui demandant si la séance était une séance royale ou un lit de justice.

Personne ne pouvait, en principe, s’adresser au Roi en séance publique et personne n’avait osé le faire depuis la Fronde … A la réponse du Roi, qu’il s’agissait d’une séance royale, il répliqua qu’elle était illégale. Talleyrand, écrira dans ses Mémoires : « Il faut se reporter aux idées qui dominaient alors en France, aux principes d’autorité qui y étaient en vigueur, pour saisir l’effet que dut produire le premier exemple d’un prince du sang faisant une protestation au sein d’un parlement, et attaquant comme nuls, en présence du Roi lui-même, les ordres qu’il venait de donner. L’histoire entière de la monarchie n’offrait rien de semblable : on avait vu des princes du sang résister, les armes à la main, à la puissance du Roi, on n’en avait point vu essayer de poser des bornes constitutionnelles à son autorité. »

A la suite de cet exploit, Orléans fut exilé dans son domaine de Villers-Cotteret, qui durera jusqu’au rappel de Necker. Son retour à Paris fut de nouveau triomphal. Pendant les élections aux Etats Généraux, il fit répandre dans ses terres une Instruction donnée à ses représentants aux bailliages, qui préconisait le doublement du Tiers et le vote par tête.

Attribué à Sieyès (également F.M...) ou, ce qui est plus vraisemblable, à Laclos sinon à Brissot, nous mesurons l’importance de l’obédience dans le travail de fond sur les idées qui a accompagné le duc et donc par conséquent  les prémisses de la révolution française.

 

Elu député de la noblesse par le bailliage de Crépy, le Duc Orléans prit la tête, le 25 juin, des 47 députés de la noblesse qui se joignirent au Tiers. Elu le 3 juillet président de la jeune Assemblée Nationale, il se récusa  mais encouragea probablement Camille Desmoulins a passer à l’action avec son fameux discours du palais royal intitulé «  Aux armes ». On venait d’appendre le renvoi de Necker, les parisiens furent appelés à l’insurrection, cela se passait le 12 juillet 1789.

A compter de cette période, le Duc n'est plus tout à fait maître de son destin. Très connu et aimé dans les milieux populaires, mais détesté par la Cour et mis naturellement à l’écart par la petite noblesse et la bourgeoisie, il n’arrive pas à fédérer autour de lui les forces nécessaires à son maintien aux affaires. La Fayette, intrigant par essence, obtint qu’il s’éloignât pour qu'il accomplisse une prétendue « mission en Angleterre».

Durant cette période, le Duc d’Orléans va nouer des liens avec la couronne d’Angleterre qui seront bénéfiques ensuite à son fils Louis Philippe, roi des Français. Cela lui permet surtout de sauver une grande partie de sa fortune la mettant de l’autre coté de la Manche  à l’abri de ses créanciers français. Grand promoteur, il avait également compris avant l'heure l’importance des paradis fiscaux.

Sous prétexte d’assister à la fête de la Fédération, il rejoint la France en juillet 1790; il mesure alors la distance parcourue par la Révolution. Devant ce constat, il tente désespérément d’y retrouver une place prépondérante.

 

Après Varennes, voulant se saisir de cette occasion, il radicalise sa position et se sépare des Feuillants en se rapprochant des Jacobins. Elu à la Convention par Paris, en dernier de la liste, il siége sur la Montagne. Le 10 août,  il vote la chute de la royauté. Proche de  Danton, il soutient alors ouvertement le parti de la Commune Insurrectionnelle. Le 15 septembre 1792, il demanda à cette assemblée (et non à la Législative comme il aurait été régulier de le faire) de lui donner un nouveau nom de famille : Philippe Egalité.

« un nom de famille pour se faire reconnaître ainsi que ses enfants » dira-t-il.

Le palais royal est également débaptisé en Palais Egalité.

 

Et arriva ce jour fatitique du 26 décembre 1792: le procès de son cousin.

Il vote la mort et contre le sursis, scandalisant un grand nombre de députés. Par ce geste, il devient un « renégat », traitre à sa condition. A cet instant, il s’annihile même la confiance de Robespierre qui le met immédiatement sous surveillance.

« Il était le seul membre de l’Assemblée qui pût se récuser » Cette terrible phrase de Robespierre résume à jamais l'ambivalence de cet homme et  l’image que l’histoire retiendra de Philippe Egalité.

Ce geste fatidique, à l'instar des héros de la tragédie grecque, scelle définitivement son destin, l'irrémédiable est accompli.

 

Début 1793, devant la montée en puissance de la terreur qui attaque ouvertement les membres des obédiences M… et pour couper toutes spéculations entretenues sur ses intentions , il fait publier le 22 février la lettre suivante dans le Journal de Paris :

 « Dans un temps où personne, assurément, ne prévoyait notre Révolution, je m'étais attaché à la F. M… qui offrait une image d'égalité, comme je m'étais attaché au parlement qui offrait une image de la liberté. J'ai, depuis, quitté ce fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dernier, le secrétaire du Grand Orient s'étant adressé à la personne qui remplissait auprès de moi les fonctions de secrétaire du Grand Maître, pour me faire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui-ci, sous la date du 5 janvier : «Comme je ne connais pas la manière dont le Grand Orient est composé, et que, d'ailleurs, je pense qu'il ne doit y avoir aucun mystère ni aucune assemblée secrète dans une République, surtout au commencement de son établissement, je ne veux me mêler en rien du Grand-Orient ni des assemblées de F.M…» ».  Après  cette déclaration tomba  immédiatement la sanction de dégradation maçonnique du citoyen Égalité en le faisant démissionnaire, et le dépouillant de fait de son titre de Grand maître.

En mars 93 il vote la création du Tribunal Révolutionnaire mais la trahison de Dumouriez le met dans une position difficile.

Le 6 avril, son fils, Philippe de Chartres, futur Louis Philippe, héros de la Bataille de Valmy passe à l’étranger avec Demouriez,

Les dès sont jetés. Suspect il est emprisonné, et transféré à Marseille, au Fort Notre-Dame-de-la-Garde. Le tribunal criminel des Bouches-du-Rhône l’acquitte en mai, mais à Paris la terreur est à son paroxysme. Philippe Egalité est porté sur la liste des suspects Girondins qui sont déférés aux Tribunal Révolutionnaire. Décision absurde car Philippe Egalité était un ennemi des Girondins, et n’avait jamais rien eu à voir avec eux mais significatif du symbole qu’il revet pour les montagnards à cette époque.

Lors de son procès bâclé, on oublia tout, rien ne fut versé à son crédit. Ramené à Paris en octobre, le Tribunal révolutionnaire devant ce tribunal qu'il avait créé où siègeait ses pairs le condamna à mort. Il fut exécuté le 6 novembre 1793.

Quel destin! Quelle Vie!

Amour des richesses, soif des plaisirs, recherche de puissance?

Lâche, cupide, pervers, ambitieux, éclairé, courageux, précurseur, homme des lumières, tout a été dit sur cet homme mais qui est-il vraiment?

Que laisse-t-il? Un fils, roi des français avisé, un des plus beaux monuments du monde mais est ce tout? Quelle est sa vrai responsabilité dans l’un des événements les plus importants de l’histoire de l’Humanité?

Quel homme est-il vraiment?

A la lecture des faits marquants de sa vie que j’ai essayé de vous résumer, je vous propose que nous tentions, lors de nos échanges, de le découvrir ensemble .

J’ai dit V.M…

 

« diabolus in musica »

le Lundi 10 juin 6013

 

A la gloire du G.A.D.L.U.

 

 

Vénérable Maître,

Et vous tous mes F.·.

En vos grades et qualités,

 

 

C’est avec beaucoup d’émotion que je prends la parole devant vous ce soir

pour vous présenter mon travail ; je remercie le Vénérable Maître de m’avoir

donné l’occasion de cette réflexion, et vous remercie par avance mes F. : de

l’honneur que vous me faîtes en m’accordant votre bienveillante attention.

J’espère par ailleurs ne pas froisser par mes propos la muse Clio, inspiratrice des

travaux de l’atelier, qui m’oblige notamment à respecter scrupuleusement

l’Histoire dont elle fut l’inventrice. De plus, même si elle est moins liée à la

musique qu’Euterpe, Terpsichore ou Polymnie, Clio, qui fut souvent représentée

trompette ou guitare à la main, n’est pas étrangère à la musique et au chant.

C’est à travers la musique en effet, que je veux partager avec vous une

réflexion maçonnique : car si ce qui se termine bien se termine en chansons,

c’est que tout a commencé par la musique, une musique originelle qui a permis

au monde d’échapper au chaos. « Ordo ab chaos » grâce à la musique qui

exprime l’harmonie, et notre colonne d’harmonie est là pour en témoigner. Mais

les forces du chaos sont toujours présentes, au mieux endormies et cherchent à

la moindre occasion à déconstruire l’oeuvre humaine : Dionysos est là qui appelle

à l’orgiaque ; le diable lui-même est tapi dans la musique : « diabolus in

musica » !

Rappelons-nous en effet de ce moment décisif de la guerre entre les Titans

et les Dieux où Zeus semble avoir perdu. Gaïa, furieuse du sort de ses premiers

enfants qui sont enfermés dans le tartare, a enfanté un monstre terrible,

Typhon, qui a pris le dessus sur Zeus à la suite d’un combat effroyable. Quelles

sont les caractéristiques de ce monstre ? 100 têtes de serpent dont les yeux

crachent le feu sortent de ses épaules. Mais, caractéristique plus déroutante

encore, de ses têtes sortent des sons incroyables : il peut imiter tous les

langages, parler aux dieux avec des sons intelligibles, mais aussi émettre le

mugissement du taureau, le rugissement du lion, et pire encore, car le contraste

est épouvantable, les adorables jappements d’un bébé-chien ! Typhon est

l’expression d’un chaos qui véhicule un anti-logos, quand Zeus, lui, est cosmos,

ordre qui préfigure le logos, c'est-à-dire l’intelligibilité d’un monde ordonné.

Alors Typhon a terrassé Zeus, et lui a pris ses tendons pour le neutraliser.

Zeus n’est plus capable du moindre mouvement ; si Typhon l’emporte, c’en est

fini de l’édification d’un cosmos harmonieux et juste. Si par contre Zeus

l’emporte, la justice règnera sur l’univers. L’issue du combat, vous pouvez vous

en douter puisque nous sommes là ce soir pour l’évoquer ! Mais comment

Typhon a-t-il finalement été vaincu ?

Zeus neutralisé mais conscient – c’est la force de l’esprit ! - conçoit un

plan : il va demander à Cadmos, un roi rusé, fondateur légendaire de la ville de

Thèbes, de se déguiser en berger et d’aller jouer auprès de Typhon de la syrinx

de Pan, une flute dont sortent des sons enchanteurs. La musique est si douce

que Typhon tombe sous le charme et finit par s’endormir, ce qui permet à

Cadmos de récupérer les tendons de Zeus qui se les réajuste et se trouve alors

fin prêt pour la victoire finale. En récompense de quoi Zeus donne à Cadmos la

main de la déesse Harmonie, qui était elle-même fille d’Arès, le dieu de la

guerre, et d’Aphrodite, déesse de l’Amour. Il est ainsi extrêmement significatif

que ce soit par la musique, l’art cosmique entre tous qui repose sur

l’ordonnancement des sons, que le cosmos soit sauvé. Il est non moins

significatif que l’harmonie résulte de l’union de la guerre – Arès – et de l’Amour

– Aphrodite -. Car l’ordre domine le chaos, mais se nourrit de son énergie

primordiale et en aucun cas ne peut le détruire car il disparaitrait avec lui : il a

besoin de son énergie vitale. L’ordre est une mise en forme sublime mais qui ne

peut se passer de la force initiale du chaos. C’est ainsi que Dionysos, fils de Zeus

et deux fois né, dieu étrange et destructeur, siège parmi les dieux de l’Olympe.

Les occasions sont nombreuses qui voient se poursuivre l’affrontement

entre l’ordre et le désordre : quand Dionysos et Apollon rivalisent, Midas en fera

les frais et Nietzsche le fil directeur de sa pensée ; Dieu et Satan s’affrontent, et

ce sera Job dont la foi sera mise à l’épreuve.

Attardons-nous sur les effets, dans la théorie de la musique, de

l’affrontement entre Dionysos et Apollon, qui va réguler les pratiques musicales

du monde grec et latin jusqu’au XVème siècle. Car il n’échappe pas aux pouvoirs

politiques et religieux que la musique est un art ambivalent à la fois très

formateur, l’harmonie musicale renvoyant à l’harmonie du Monde, et sa

maîtrise étant considérée comme gage de la plus grande sagesse, mais aussi

potentiellement dangereux car capable de posséder l’auditeur et de le conduire

dans le dérèglement des passions.

Ainsi Aristote, prenant la suite des réflexions platoniciennes, fonde-t-il

une théorie de l’ethos des modes musicaux, une éthique musicale qui

structurera la composition de la musique en distinguant une musique éthique,

morale, et une musique orgiastique. Tout s’organise autour d’une théorie de

l’effet produit par la musique (la dunamis) éthique lorsqu’elle est sur le mode

dorien, orgiastique lorsqu’elle est sur le mode phrygien. Le mode phrygien

déclenche des transes et des états de possession ; Aristote insiste sur le fait que

le mode phrygien est orgiastique et passionnel, et qu’il en résulte un transport

dionysiaque. A l’inverse, le mode dorien est éthique et digne de figurer dans le

programme d’éducation des jeunes gens bien nés. Tout au plus la musique

composée sur le mode phrygien peut-elle être écoutée, avec distance, mais son

exécution ressort de musiciens serviles et de basse condition.

On l’entend, ce qui est en jeu dans cette opposition de modes musicaux,

est une mise en garde à l’endroit des effets de la musique, quand il pourrait en

résulter une possession et une entrée dans la transe, alors qu’on en attendait

une élévation de l’âme et un accès au sublime. Cette ambivalence de la musique,

et le risque qui lui est attaché, va parcourir tout le moyen-âge et la musique

sacrée sous forme de règles de composition et de mises en garde. Attention

danger ! : « diabolus in musica ». D’autant que, comme le dira Pascal : «… le

malheur veut que qui veut faire l’Ange fait la Bête ! ».

Alors, tel intervalle musical est proscrit dans la composition de la musique

sacrée (le fameux Triton, interdit dans l’harmonie chorale et dans la mélodie,

parce qu’il crée à l’écoute une tension et non un apaisement) ; les instruments

de musique sont proscrits de l’Eglise où seules les voix humaines sont

autorisées : c’est le chant grégorien. Les instruments en effet sont matériels, et

nous rapprochent de la terre, domaine du Diable, non de l’esprit. Seule la voix,

que nous partageons avec les Anges, est aérienne et nous élève vers le ciel divin.

Jérôme Bosch nous donne au début du XVIème siècle une vision de l’enfer

remplie d’instruments de musique gigantesques. Enfin, on va mathématiser la

musique en la tempérant, garantissant ainsi une maîtrise humaine et quasiment

divine des intervalles musicaux qui nous permette d’entrer en résonance avec

l’harmonie céleste.

Mais qu’on ne s’y trompe pas ! L’enjeu n’est pas seulement d’esthétique

musicale, ou de privilège d’un pouvoir en place qui voudrait se réserver un

copyright, une forme de composition qui lui soit exclusive. C’est bien plutôt

d’une reconnaissance du pouvoir de la musique dont il s’agit comme l’indiquait

Saint-Augustin dans son De Musica, qui distinguait soigneusement la gradation

de son pouvoir : le plus bas niveau est l’emprise corporelle qu’elle exerce (par

exemple sur les ours qui se dandinent), tandis qu’à son plus haut niveau la

musique peut nous faire entre-apercevoir l’harmonie éternelle du divin.

Mais pour nous autres maçons, la voie de la musique est-elle celle de la

contemplation du divin par une sorte d’extase activée par le rituel, sachant

qu’au moindre faux pas, à la moindre distraction, le diable se glisserait en nous

pour prendre possession de notre temple intérieur ? Il me semble que Mozart,

dans le testament symbolique qu’est la Flûte enchantée, nous indique une autre

voie.

Certes le registre de la magie et de l’envoutement semble bien être celui

de la Reine de la nuit qui offre à Tamino une flûte censée le protéger et le rendre

tout puissant ; parallèlement, Papageno reçoit un Glockenspiel qui fait danser le

furieux Monostatos comme l’ours de Saint-Augustin, et il s’agit bien là d’une

réminiscence dionysiaque. Mais l’opéra signera la défaite des pouvoirs de la

Reine, ce qui indique les limites du pouvoir de sa virtuosité vocale qui force une

admiration fascinée mais pas un abandon consenti. Parallèlement, dès que le

Glockenspiel se tait, Monostatos redevient Monostatos. Or, lorsque cesse

l’opéra, l’auditeur n’est plus tout à fait le même : il a été transformé subtilement

par un transport qui ne cesse pas avec les notes. La musique ne se contente pas

d’éblouir par la virtuosité, ni d’exercer un pouvoir magique qui protège les uns

et envoute les autres, elle est avant tout instrument de conversion et de

transformation des passions humaines. Elle permet de triompher de la peur, de

risquer la mort, et d’expérimenter la conversion à un amour véritable. Elle

conduit les amants à leur plénitude, et Pamina assure qu’à la fois l’amour et la

flute conduiront leurs pas.

L’émotion musicale que promeut Mozart est donc très loin d’un

enchantement magique produit par un pouvoir ensorcelant qui viendrait de

l’extérieur, ou très loin aussi d’un envoutement hypnotique qui mettrait en

transe. Il s’agit au contraire d’un ravissement dans le mouvement d’un transport

en devenir : en un mot, d’une initiation par le ravissement.

La musique en effet ne nous ravit que si, délibérément et en hommes

libres, nous acceptons d’être guidés par elle et de l’accueillir, et ce avec la même

simplicité que Tamino et Papageno acceptant le don d’instruments magiques. Et

c’est à cette condition de consentir qu’alors seulement nous pouvons être

transportés par elle. C’est un ravissement qui demande à la fois le silence

consentant de la réception, et l’exigence continue de la quête et qui nous invite,

en apprentis, à une autre forme d’écoute : celle de l’approbation en silence.

Comme l’écrivait Mozart dans une lettre à sa femme : « J’arrive de l’opéra

(ou se jouait La Flûte), la salle était pleine comme toujours ; le duetto « Mann

und Weib » et le Glockenspiel au premier acte ont été bissés comme d’habitude,

ainsi que le trio des enfants au second acte. Mais ce qui me cause le plus de joie,

c’est l’approbation en silence ! On voit combien cet opéra monte de plus en plus

haut. »

C’est précisément dans cette forme d’accueil et d’écoute, d’ouverture

volontaire et d’approbation en silence que s’exerce de la façon la plus avancée la

tolérance maçonnique qui est un instrument de transformation de soi : une sorte

d’hospitalité inconditionnelle, pour reprendre l’expression de Jacques Derrida,

que nous sommes à même d’éprouver dans les liens de la fraternité.

L’hospitalité inconditionnelle ne relève ni de la morale, ni même de l’éthique,

mais est un principe à maintenir, un devoir lié à la réalité humaine du fait que

nous sommes irréductiblement exposés à la venue de l’autre.

A l’égard d’un visiteur, j’ai deux attitudes possibles : l’invitation, si je le

reçois en fonction des règles en usage chez moi et que j’impose ; la visitation,

comme pour les Anges, si je laisse ma maison ouverte. Dans le premier cas,

l’hospitalité est conditionnelle ; dans le second, elle est inconditionnelle, ou

pure, ou absolue. L’étranger de la visitation peut être n’importe quel F. :. Pour

l’accueillir, l’hôte lève les barrières immunitaires avec lesquelles il se protégeait :

il accepte de s’exposer à ce visiteur dont les lois et les comportements sont

différents des siens, de s’adapter et de se transformer en fonction de ce qui

arrive. A ce stade, c’est accepter de s’effacer pour laisser de la place à notre F. :

dans notre propre univers : difficile en pratique, c’est la condition

incontournable du ravissement que nous offre la Franc-Maçonnerie. C’est, mes

Frères, tout le charme que je nous souhaite dans la pratique de l’Agape.

 

J’ai dit !

Le Mal et le Diable : de Zoroastre à Saint Augusti

le Lundi 11 mars 6013

(Ci-dessous plan détaillé)



Pavé mosaïque Le bien et le mal

Iran Pays des Aryens (nobles) Scytes + Mèdes + Partes + Perses

Dieu de la lumière / ahoma breuvage d’éternité

Culte du feu (nouvel an Iranien)

 

Zoroastre / Zarathustra

(empire achéménide)

 

Sa vie

 

Né en 630 avant JC

Mort à 77 ans

Révélation à 30 ans n’a jamais prétendu être un prophète

 

Sa doctrine

 

AVESTA un des livres sacrés reconnus par la FM

Légende c’est l’histoire de la création :

Ohrmad (le nom de Dieu qui signifie :

l’Incréé l’inengendré = celui qui s’est auto créé ; auto engendré

Divinité suprême ayant mis en ordre le chaos initial

Créateur du ciel et de la terre

Force créatrice du monde et des quatre éléments, l'eau, la terre, le feu et l'air

 

 

Originalité absolue :

Un Dieu schizophrène

Pour créer le bien il doit imaginer le mal

Pour créer le beau il doit imaginer le laid

 

Dieu se subdivise lui-même en deux entités antagonistes mais toutes deux issues de son esprit :

MAZDA (Dieu de bonté) et ARIMAN (le Diable)

 

Voici un extrait de l’Avesta :

LIRE

 

Armée du Bien : AMCHÂS les 7 anges (les archanges bibliques : raphael ; gabriel michel

Armée du Mal : DAEVAS les 7 démons

 

Dans la doctrine de Zoroastre, chaque personne répond de ses actes en vertu de la nature de son « Fravahr », l'équivalent du karma hindouiste. La doctrine se résume en une maxime : Humata, Hukhta, Huvarshta ("Bonnes Pensées, Bons Mots, Bonnes Actions").

 

Si en société, les gens s'adonnent à la bonté ils ne récolteront que la bonté et s'ils se livrent à la méchanceté, ils seront envahis par le mal.

 

Un autre thème important du zoroastrisme est sa promesse d'une vie éternelle après la mort, où les âmes seront départagées lors de la traversée du « Pont de Chinvat », et finissent soit au Paradis, soit en Enfer soit au Purgatoire. Le zoroastrisme préfigure ainsi l'avènement du christianisme.

Société idéale selon Zoroastre

  • L'égalité des hommes et des femmes
  • Préserver la pureté de l'eau, de la terre, de l'air et du feu
  • L'esclavage et la soumission de l'être humain, présents dans d'autres religions, sont complètement rejetés dans la doctrine de Zoroastre.
  • Cette doctrine met l'accent sur l'importance de la récolte et rejette toute idée de paresse, de vivre au crochet d'autrui, de voler le bien d'autrui. Chacun doit vivre de ses efforts et pouvoir bénéficier de sa propre récolte.
  • L'idolâtrie, l'adoration de la pierre ou tout autre lieu construit, sont prohibées dans la pensée de Zoroastre. La maison de Dieu n'est pas celle construite par l'homme mais le cœur et l'esprit de ce dernier.
  • Aucune oppression ne peut être admise à l'égard des hommes, et si nécessaire, il faut se soulever pour l'éliminer.
  • Aucun mal ne doit être commis à l'égard des animaux et leur sacrifice doit être considéré comme un crime des hommes à l'égard des animaux

 

SA POSTERITE

 

Religion importante

 

Converti le père de l’empereur Cyrus

Cyrus le grand élève le Zorastrisme en religion d’Etat mais laisse à ses sujets la liberté absolue de conscience

Appliquant les préceptes du zoroastrisme Cyrus mit fin à l'exil des juifs, en libérant Jérusalem de la domination babylonienne et en autorisant la construction du Second Temple. 515 Avant JC après la captivité de Babylone

Celui-ci fut achevé sous le règne de son fils Darius

La communauté juive d'Iran est l'une des plus anciennes de la diaspora puisque les juifs s'y sont installés (c'était le royaume de Perse) depuis le VIe siècle avant JC.

 

le Cylindre de Cyrus (Empire achéménide de Perse), rédigé après sa conquête de Babylone en 539 avant Jésus-Christ en harmonie avec la pensée de Zoroastre, est considéré comme la première déclaration des droits de l’homme

 

 

En 1971, l’ONU l’a traduit dans toutes ses langues officielles. Le cylindre (dont une réplique orne l’entréee du batiment des nations unies , décrète les thèmes de la règle persane : tolérance religieuse, abolition de l’esclavage, liberté du choix de profession et expansion de l’empire.

 

Le Zoroastrisme : 200 000 adeptes dans le monde

Zubin Mehta et TaTa en Inde

 

 



 

Mani

(Empire Sassanide)

 

Sa vie

Né en 216 après JC

Issu d’une famille chrétienne des origines

(la perse comptait à cette époque plus de 500 communautés chrétiennes qui cohabitaient avec les zoroastriens)

C'est sa rencontre avec le roi sassanide Shapur Ier en 250 qui décidera du succès de sa doctrine : le monarque conçoit tout l'intérêt d'une religion nationale pour unifier son empire.

 

Sa doctrine

 

Mani ou Manès, qui se prétendait prophète, présentait sa doctrine comme une révélation définitive

 

C'est un syncrétisme inspiré du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme.

 

De Zoroastre = dualisme entre le bien et le mal

La base du manichéisme est de diviser l'univers en deux :

-d'un côté le bien et le royaume de la lumière

-et de l'autre le mal et le royaume des ténèbres

Selon le manichéisme, la lumière et les ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Cette lutte entre le bien et le mal est le fondement du manichéisme. Pour qu'un homme puisse une fois sa mort arrivée atteindre le royaume de la lumière, il faut qu'il abandonne tout ce qui est matériel

 

De Bouddah = dualisme entre l’ame et corps

Suite à un évènement catastrophique, les ténèbres envahirent la lumière. De ce conflit est né l'homme, son esprit appartient au royaume de la lumière et son corps (la matière), appartient au royaume des ténèbres — ce qui transforme la mort non plus en processus destructif mais en processus d'élévation suprême.

 

De Jésus = l’exemplarité de sa vie : pauvreté - charité et des principes

réfuter le plaisir de la chair, ne pas tuer et ne pas blasphémer.

 

Deux groupes de manichéens existaient :

 

-les élus : qui passaient leur temps à prêcher, pratiquaient le célibat et étaient végétariens. Après leur mort, les élus étaient assurés d'atteindre le royaume de la Lumière ;

 

-les auditeurs : ils devaient servir les élus, pouvaient se marier et pratiquaient des jeûnes toutes les semaines. Après leur mort, les auditeurs espéraient être réincarnés en tant qu'élus.

 

SA POSTERITE

 

Vient le règne de Vahram Ier, en 272, qui favorise un retour au mazdéisme. Persécuté, torturé et exécuté. Persécutions romaines

 

Hérésie Chrétienne : Cathares

-Stricte hiérarchie cléricale

-Idée du mal / du diable



 

Saint Augustin

 

Sa vie

est né 354 à Thagaste Algérie, ville d'Afrique du Nord appartenant à l'empire romain

Le père d'Augustin, un citoyen romain païen du nom de Patricius, était un modeste notable fonctionnaire de la ville. Sa mère, Monique, une chrétienne d'origine berbère,

Son père, réunit l’argent nécessaire pour l’envoyer à Carthage poursuivre des études appropriées à son intelligence précoce

Augustin vise alors le professorat de rhétorique Importance de cet art dans l’empire

Importance de la philosophie grecque la raison : le latin flamboyant d'Augustin

Augustin est pendant 9 ans auditeur dans l’église de mani

Prêtre puis Acclamé évêque à Hippone en 395

 

Sa doctrine

Le diable le mal

Camus : œuvre de saint augustin : assouplir de plus en plus la raison grecque et l’incorporer à l’édifice chrétien mais dans un domaine ou elle est inoffensive Passé ce domaine obligation lui est faite de s’incliner. Entrainer la logique socratique à des spéculations religieuses. (aristote platon socrate et non les épicuriens)

 

Comment rendre la chrétienté rationnelle

Comment rendre la foi compatible avec la raison grecque et platonicienne

Centre de ses préoccupations : comment expliquer le mal tout en affirmant la bonté d’une création compatissante à l’homme?

Jusque là : juifs et chrétiens anciens et plus tard l’islam considère fortement que les dessins de dieu sont impénétrables.

« Confessions : L’absolu du mal et l’absolu du bien constituent une erreur. Le bien et le mal se lient au niveau de l’agir à la manière de l’ombre et de la lumière »

Implique = persécutions des manichéens cathares

Deux lectures

-lecture simple : le bon dieu et le diable (socialement cohérant)

-lecture sophistiquée : la liberté. Dieu aime l’homme. Il ne peut aimer un être qui ne serait pas libre. La liberté que Dieu confère à l’homme est celle de s’adonner au bien ou au mal. Dieu qui n’est que bonté crée le Diable (son archange) pour qu’il tente l’homme. L’homme est libre de lui résister ou de succomber à ses tentations.

 

Hiérarchie cléricale

-royaume de dieu = pape / sacré collège / cardinaux / évêques etc…

-royaume séculier Roi Monarchie de droit Divin

Coexistence de la cité de dieu et de celle des hommes et le primat de la première sur la seconde

 

SA POSTERITE

(nicée)Constantin

 

Déliquescence de l’empire romain due à son succès

(Rome : 1,2Mha-2M2eau/jour/personne-stades théatres hippodromes temples parlement banque termes routes même une école de gastronomie patricienne apicius)

Héritage aux femmes

« J. Dutour : la dictature tempérée par l’assassinat »

Zone de coprospérité trop étendue

Invasions

Double empire Constantinople

 

Chrétienté   Roi de droit divin

Jours fériés (reprise des dates romaines)

Culte marial = déesse mère

Culte des saints = paganisme

Objectif : déchristianiser la chrétienté (versus saint françois d’assise)

 





Newton : Père de la Maçonnerie moderne

le Lundi 11 février 6013

A. L. G. D. G. A. D. L. U.   

VM et vous tous mes FF en vos grades et qualités,

 

L’idée de développer ma compréhension de la régularité maçonnique, et donc des origines de la franc-maçonnerie moderne, a germé dans ma tête il y a quelques années, suite à la non-publication dans une revue provinciale de la GLNF, pour cause de non-conformisme, d’une planche qui avait été présentée par un pasteur. Dans cette planche, il était dit – en simplifiant, j’espère ne pas trop déformer – que dans le texte biblique, l’âme n’est éternelle que comme souffle de l’Eternel, et que seule la tradition grecque assertait l’immortalité de l’âme comme entité individuelle. Stupéfiant ! Voilà que le frère censure le prêtre citant la Bible ! Voilà que le frère affirme sa foi dans le Grand Architecte tout en lui imposant une architecture ! Une fois la surprise passée, j’ai été interpellé par ces préjugés, si fortement et profondément ancrés en nous qu’ils conditionnent et orientent, fortement et profondément, nos travaux de rituel, de réflexion et de recherche.

 

Sont apparus plus tard les graves problèmes de gouvernance de la GLNF, qui ont considérablement bouleversé le paysage maçonnique français, ainsi que la vie maçonnique d’un grand nombre de frères, désarçonnés, choqués, traumatisés et souvent découragés par des évènements et des comportements qu’ils n’auraient jamais imaginé voir et subir.

 

Un retour aux sources s’imposait !

 

« Les exégètes de la Maçonnerie ont trop souvent tendance à éluder le rôle déterminant de collèges tels que la Royal Society ou les salons rosicruciens dans l’émergence du Craft moderne en Angleterre. Les anglais, qui défendent la primauté du Métier dans la genèse maçonnique pour des raisons que nous n’avons pas à évaluer ici, sont traditionnellement les premiers à "oublier" la place pourtant flagrante et reconnue des Bacon, Newton, Ashmole etc. parmi les fondateurs des cercles et Chapitres proto-maçonnique. »[1]

 

Fondée en 1660, The Royal Society of London for Improving Natural Knowledge est la plus ancienne académie officielle des sciences. « En 1669, elle regroupera plus de 200 membres élus selon des règles relativement souples. Elle admet des hommes de toutes religions et de toutes professions alors même que le pays reste marqué par des guerres civiles récurrentes. »[2] Dans son Histoire de la Royale Society publiée en 1667, Thomas Sprat, évêque de Rochester, écrira : « C’est une religion qui est confirmée par l’agrément unanime de toutes sortes de croyances et qui doit servir en respect de la Chrétienté, comme le Porche du Temple de Salomon ». « Si le lien philosophique entre la Royal Society et la Franc-maçonnerie naissante ne semble plus à démontrer, le lien structurel apparaîtra tardivement. [Pourtant, de 1717 à 1813, pas moins de 20 Grands Maîtres de la Grande Loge de Londres seront également membre de la Royal Society.] Il faudra examiner la place de Newton, Président tardif, mais au long mandat, [allant de 1703 à 1727,] et dont l’influence sera renforcée par un entourage actif et déterminé. »[3]

 

Un personnage dont la place éminente parmi les fondateurs de la Maçonnerie moderne ne peut assurément pas être oubliée ou négligée est Jean-Théophile Désaguliers ; pasteur lui-même et fils d’un pasteur rochelais, il fut contraint à l’exil par la révocation de l’édit de Nantes en ayant du prendre la mer dissimulé dans un tonneau pour échapper à l’obligation faite aux Protestants exilés de laisser leurs enfants en France ; docteur en théologie, Désaguliers était disciple et secrétaire de Newton, Fellow de la Royal Society dès 1714, Chapelain du Prince de Galles et troisième Grand Maître de la Grande Loge de Londres en 1719.

 

« L’ensemble de l’œuvre de Désaguliers s’inscrit dans le prolongement du contexte de la pensée philosophique que connut le XVIIe siècle anglais. Celle-ci est marquée, en particulier, par une évolution des principes et des méthodologies en matière de philosophie naturelle. L’étude des phénomènes de la nature est considérée comme devant être écartée de la recherche à connaître Dieu, en ce sens que le réel physique n’est pas fourni par la parole divine, mais peut être découvert dans le fonctionnement de son œuvre ; il n’est pas non plus authentifié par le témoignage de l’Ecriture ; les résultats de l’expérimentation qui le rendent compréhensible peuvent être saisis par la lecture des figures géométriques. Le fonctionnement physique de l’univers devient alors intelligible à l’esprit humain. Outre qu’elle provoque une réflexion analytique sur les fondements de la foi, cette nouvelle conception de la vérité pousse à imaginer de nouveaux rapports de l’homme avec le gouvernement de l’œuvre. »[4]

 

Le maître et inspirateur de Désaguliers, Isaac Newton était très croyant et fervent chrétien ; il ne cessa d’affirmer sa foi en Dieu, comme quand il écrivit que « la gravité explique les mouvements des planètes, mais elle ne peut pas expliquer qui a mis les planètes en mouvement. C’est Dieu qui régit toutes les choses et qui sait tout ce qui existe ou peut exister ». Ses écrits théologiques[5] et ésotériques dépassent en volume son œuvre scientifique ! Preuve irréfutable qu’il était un perpétuel cherchant dans la voie de la Connaissance, la Connaissance avec un grand « C », la Connaissance suprême, la Connaissance totale, la Connaissance qui incorpore le Soi dans le Tout. « Ainsi », comme il l’écrivit, « aurez-vous la gloire du Monde en entier et de ses obscurités et tous les besoins et toutes les peines disparaîtront de vous »[6].

 

En même temps, Newton adopta une position « comparable à celle de Saint Thomas, qui l’a poussé à séparer ce qui est du domaine de la foi de ce qui est du domaine de la raison ou de la science »[7]. Il prônait une attitude qui consiste à laisser Dieu au-delà de tout horizon de connaissance, aussi profond soit-il. Dans le scholie général des Principia, il écrivit : « En effet, de même que l’aveugle n’a aucune idée des couleurs, de même nous n’avons aucune idée des façons dont Dieu très sage sent et comprend tout. Il est entièrement libéré de tout corps et de toute figure corporelle, et ainsi, l’on ne peut ni le voir, ni l’entendre, ni le toucher, ni on ne le doit honorer sous l’espèce d’un quelconque objet corporel. Nous avons les idées de ses attributs, mais ce qu’est la substance de quoi que ce soit, nous ne le connaissons nullement. »

 

Il est important de savoir que Newton était unitarien, rejetant fermement le dogme trinitaire. Dans ses notes théologiques, il considéra que « l’adoration de Christ comme Dieu » était de l’idolâtrie. De telles idées étaient sévèrement punies à son époque en Angleterre. « A l’exception de deux ou trois sympathisants connus, la vie entière de Newton s’est passée à cacher ses vues religieuses des autres. »[8] Ce n’est que grâce à sa renommée, déjà établie, qu’il a pu avoir une dispense spéciale lui évitant d’entrer dans les ordres, ce qu’aurait exigé sa chaire de professeur lucasien à l’université de Cambridge. Ses idées religieuses originales, pour ne pas dire hérétiques, ainsi que sa fascination pour l’alchimie, font que Newton avait un attachement viscéral à la liberté de pensée et de recherche.

 

Pour Keynes, qui réunira la plupart de ses écrits non-scientifiques dispersés lors d'une vente aux enchères en 1936, « Newton n'est pas le premier de l'âge de la Raison. Il est le dernier des Babyloniens et des Sumériens, le dernier grand esprit qui a contemplé le monde visible et intellectuel avec les mêmes yeux que ceux qui ont commencé à construire notre héritage intellectuel il y a quelque 10 000 ans. »[9] Ses recherches alchimiques, qui consistaient aussi bien dans l’étude de nombreux textes que dans la réalisation de nombreuses expériences, l’ont amené à émettre l’hypothèse d’un éther élastique qui serait diffus dans toute l’atmosphère et qui expliquerait beaucoup de phénomènes. « Durant presque toute sa carrière, Newton était profondément engagé – bien que le plus souvent seulement en privé – dans son hypothèse d’éther et son programme alchimique »[10]. A supposer que l’on puisse véritablement distinguer entre sa cosmogonie alchimique et sa cosmologie scientifique, leurs liens et articulations seraient nombreux, importants et subtils, toutes deux aspirant à proposer une vision d'ensemble cohérente de la totalité des phénomènes naturels.

 

« Dans ses Principia Mathematica, Newton énonce ses "règles nécessaires pour philosopher" qui expriment sa façon d’appréhender les problèmes d’horizon [de la connaissance] que soulève l’élaboration d’une théorie prétendant s’appliquer à l’ensemble de l’Univers. Par la rupture qu’elles marquent avec l’anthropocentrisme qui était encore dominant à l’époque de Newton, malgré les avancées de Copernic et de Galilée, ces règles posèrent un jalon dans l’histoire de la pensée humaine. De nos jours, elles constituent encore les fondements les plus solides de la rationalité expérimentale. »[11]

 

En 1675, Newton élabore « la première théorie d’une interaction universelle, celle de la gravitation. Il s’agit d’une extraordinaire synthèse qui unifie l’ensemble des phénomènes mécaniques sur Terre et dans le cosmos. Cette théorie a provoqué à son époque un véritable séisme culturel et intellectuel. Elle a changé la représentation que les hommes se faisaient du monde. Elle continue à être utilisée de nos jours : elle a certes été dépassée par la théorie de la relativité d’Einstein, mais elle reste largement suffisante pour calculer par exemple les trajectoires des satellites artificiels ou des vaisseaux spatiaux. »[12] Immense mathématicien, co-créateur avec Leibniz du calcul différentiel et intégral, Newton a d’autre part consolidé le traitement mathématique de la mécanique en complétant les travaux de Galilée. Il a aussi jeté les bases d’une théorie corpusculaire de la lumière.

 

A l’image de Newton, qui était à la fois philosophe, théologien, mathématicien, physicien, alchimiste et astronome, la Franc-maçonnerie moderne a été créée « avec l’aide de rosicruciens, d’hermétistes et d’alchimistes, de scientifiques et de politiques, … pour comprendre la complexité, admettre les différences, rassembler en proclamant le doute tout en essayant de fournir, ici et là, des solutions et des outils utilisables par ceux qui acceptent de s’en servir … Ce cocktail allait réussir et donner place au texte de 1723 à partir d’une réconciliation politique [et religieuse] réussie … »[13]

 

Nous sommes redevables aux newtoniens d’avoir été parmi les principaux acteurs d’un mouvement qui, non seulement a pensé et « théorisé » cette réconciliation, mais l’a construite, mise en œuvre et propagée, en particulier à travers la Franc-maçonnerie. Ils l’ont fait avec intelligence, hauteur de vue, saine ambition, humilité et pragmatisme.

 

Sans aller jusqu’à dire comme Schiller que les mendiants sont devenus frères des princes, la Franc-maçonnerie a indéniablement facilité et ouvert la voie à un certain brassage social dans les loges, en particulier entre aristocrates, bourgeois, hauts fonctionnaires, savants et artisans renommés. « Une élite intellectuelle et politique, libérale, [œuvra] à la pacification de la Grande-Bretagne tout en donnant pour gage la création d’œuvres caritatives très puissantes … [Le premier Grand Maître, Anthony] Sayer lui-même, oublié et misérable, y [fît] appel. »[14]

 

Dans les Constitutions d’Anderson, l’article premier des Obligations prône la « loi morale » qui fait référence à la « religion naturelle », dont le caractère à la fois universel et pratique lui permet d’être ouverte à tous les « hommes de bien et sincères, ou hommes d’honneur et de probité, quelles que soient les dénominations ou les croyances qui puissent les distinguer ». L’interdiction de toute discussion politique ou religieuse n’a d’autre but que de ménager, d’étendre et de renforcer ce rassemblement, ce Centre d’Union de personnes qui auraient pu ou même « qui auraient du rester à une perpétuelle distance. »

 

Voici comment, dans les années 1710, Newton expliqua cette « religion naturelle » : « Toutes les nations étaient à l'origine de la religion comprise dans les Préceptes des fils de Noé, dont les principaux étaient d'avoir un seul Dieu, et de ne pas s'aliéner son culte, ni de profaner son nom ; de s’interdire l’assassinat, le vol, la fornication, et toutes les blessures ; de ne pas se nourrir de la chair ou boire le sang d'un animal vivant, mais d’être clément même avec les bêtes ; et de mettre en place des tribunaux de justice dans toutes les villes et les sociétés pour mettre ces lois à exécution. »[15]

 

Il est maintenant admis que, historiquement, la Franc-maçonnerie spéculative moderne est, non pas une continuation, mais une récupération de la maçonnerie opérative, c’est-à-dire l’adoption par cette élite d’une tradition de bâtisseurs encourageant savoir, adresse, solidarité et esprit d’équipe, et dont les rites et symboles étaient bien adaptés à la quête « newtonienne » de nouveaux horizons.

 

Le profond désir de réconciliation entraîne les londoniens dans « un profond travail de "purification" de l’ancienne Maçonnerie. On élimine toutes les références culturelles de nature à diviser réformés et catholiques, en particulier les allusions néotestamentaires. On éradique par la même occasion des degrés jugés pompeux et futiles où certains, se proclamant prince ou seigneur des autres, finissent par se prendre au jeu. On balaie spéculation alchimique, hermétisme et tout ce qui "alourdit" les Loges de Métier. »[16] Nous n’aborderons pas ici l’histoire de la réaction des « Anciens » à ce travail d’épurement, ni celle qui a abouti à l’Acte d’Union de 1813 entre les « Modernes » et les « Anciens ». Notons simplement qu’il en a résulté une Maçonnerie régulière qui est composée de deux grands courants entrelacés : d’une part, celui des Traditions ésotériques et hermétiques, avec leurs rituels et symbolismes particuliers, et, d’autre part, celui de l’Idéal humaniste et de l’esprit des Lumières, très à l’aise avec les rituels et symbolismes propres au Métier. Deux courants entrelacés que l’on retrouve, comme on l’a vu, dans la personne et l’œuvre de Sir Isaac Newton !

 

Pour conclure, je voudrais insister sur l’actualité des préoccupations de nos « pères fondateurs ».

 

« Les sources newtoniennes de la Franc-maçonnerie ne sont pas simplement une explication de ce qu’est le développement du mouvement maçonnique depuis ses origines à nos jours, elles permettent de comprendre les enjeux contemporains de la Franc-maçonnerie … [et peuvent] nous aider à fourbir nos armes intellectuelles, morales et spirituelles contre les risques contemporains de retour à l’obscurantisme »[17] et à l’intolérance.

 

La Franc-maçonnerie moderne s’est mise en place exactement dans la période historique de la « crise de conscience européenne », c’est-à-dire, d’après Leibniz, qui en était lui-même un des acteurs majeurs, « dans les années finissantes du XVIIe siècle, [où] un nouvel ordre des choses a commencé » ; cela explique en grande partie la rapidité avec laquelle la Maçonnerie s’est répandue, sous différentes formes et modalités, en Europe et, plus généralement, dans le monde occidental.

 

De nos jours, n’est-ce pas dans le monde entier qu’un nouvel ordre des choses a commencé et qu’une crise de conscience se dessine ? L’intégriste, qui est un être moralement peureux et intellectuellement paresseux, prône le repli sur soi, l’obéissance aveugle au dogme et, en conséquence, le rejet brutal de tous ceux qui lui sont de près ou de loin dissemblables. Le « newtonien », inspiré par l’exemple du Maître, qui ne s’est jamais tracé de limites artificiels dans sa quête de la Connaissance, essaiera ardemment de trouver un « langage » de symboles susceptible d’être partagé à travers le monde par tous les « hommes de bien et sincères, d’honneur et de probité », afin de pouvoir transmettre son message de réconciliation et de progrès, et de contribuer ainsi à une évolution des choses qui soit respectueuse des valeurs fondamentales de la civilisation.

 

Je voudrais terminer en prenant un pari : de même que la théorie de la gravitation universelle de Newton, quoique dépassée par celle de la relativité générale d’Einstein, reste une excellente approximation en champ gravitationnel faible, de même l’attitude philosophique, éthique et sociale « newtonienne »[18], adéquatement enrichie, perfectionnée, rénovée et adaptée à son temps, restera une référence essentielle du vrai gentleman franc-maçon.

 

J’ai dit



[1] Jean J. Solis, Guide pratique de la Franc-maçonnerie, éditions Dervy, 2001.

[2] Alain Bauer, Aux origines de la Franc-maçonnerie, éditions Dervy, 2003.

[3] Alain Bauer, op. cit.

[4] Pierre Boutin, Jean-Théophile Desaguliers, un huguenot, philosophe et juriste, en politique, Paris, 1999, p. 12.

[5] Nous n’aborderons pas ici l’un de ses plus importants sujets d’étude, à savoir la prophétie, spécialement dans le Livre de la Révélation ; voir à ce sujet l’ouvrage de Rob Ilife mentionné plus loin.

[6] Commentaire par Newton de la Table d’Emeraude d’Hermès Trismégiste écrit entre 1680 et 1684.

[7] Jean-Claude Pecker, L’Univers exploré, peu à peu expliqué, Odile Jacob, 2003

[8] Rob Ilife, Newton - A Very Short Introduction, Oxford University Press, 2007.

[9] John Maynard Keynes, Newton, the Man, in The Royal Society Newton Tercentenary Celebrations, Cambridge University Press, 1946, p. 27.

[10] Rob Ilife, op. cit.

[11] Jean-Pierre Baton, Gilles Cohen-Tannoudji, L’horizon des particules, Gallimard, 1989.

[12] Jean-Pierre Baton, Gilles Cohen-Tannoudji, op. cit.

[13] Alain Bauer, op. cit.

[14] Alain Bauer, op. cit.

[15] Isaac Newton, Irenicum, or Ecclesiastical Polyty tending to Peace.

[16] Jean J. Solis, op. cit.

[17] Michel Barat dans la préface de « Aux origines de la Franc-maçonnerie » d’Alain Bauer, éditions Dervy, 2003.

[18] La personnalité complexe et tourmentée d’Isaac Newton était bien loin d’être exemplaire ; voir à ce sujet l’ouvrage cité de Rob Ilife.



Les origines du christianisme

le Lundi 14 janvier 6013

COMMENT UNE SECTE JUIVE A REUSSI A S’IMPOSER A L’EMPIRE ROMAIN ET A TOUT L’OCCIDENT ? 

A. L. G. D. G. A. D. L. U.   

D’abord une citation d’Afred Loisy : « Ils attendaient le ROYAUME (de Dieu) et ils eurent « L’EGLISE » (des hommes).



Comment un "prophète raté" qui s’incarne en esclave, qui meurt ignominieusement sur la Croix, abandonné de tous ses disciples si toutefois il en a eu, à qui il est préféré un bandit Barabbas, dont la principale prophétie, l’Apocalypse, ne se produit pas, réussit à imposer sa doctrine au monde romain, comme le coucou fait son nid ?

 

L’extension du Christianisme est-elle un immense malentendu qui a complètement dévié l’enseignement du Christ pour en faire une religion d’Etat jusqu’à la fin du 19ème siècle ?

Lorsque les peuples d’Europe faisaient la guerre, c’était toujours au nom de Dieu.

« Dieu et mon Droit » est la devise de la couronne d’Angleterre depuis Henri V Plantagenet en 1413, ce qui n’est pas sans nous rappeler la devise du REAA : « ordo ab chao, deus meumque jus ».

« Gott mit uns » était la devise du Kaiser en 1870.

Les chevaliers Francs au Moyen-âge se ralliaient au cri de : « Notre Dame Montjoie »

Comment en est-on arrivé là ? Comment le message d’amour du Christ : si on te frappe sur une joue, tends l’autre (Matthieu) a-t-il-pu se transformer en cette alliance entre le sabre et le goupillon ?

Les monarques ne manquaient jamais de faire bénir leurs armées. La conversion de Clovis qui a fait de la France la fille aînée de l’Eglise est dans la droite ligne cette tradition : « Dieu de Clotilde si tu me donnes la victoire, je me ferai chrétien ». Bel acte de Foi désintéressé ! La conversion de Constantin relève de la même démarche.

 

Ce n’est qu’au début du 20ème siècle que des idées qui avaient commencé à circuler au siècle des lumières et principalement sous la plume de Voltaire, ont pu être exprimées.

 

La croyance en Dieu ne peut pas s’expliquer par une analyse historique ou scientifique mais repose sur la FOI que l’on a ou que l’on n’a pas. Et en posant la question des origines du christianisme, je ne veux froisser les convictions de personne mais essayer de me placer en historien (que je ne suis pas), et analyser un certain nombre de découvertes récentes qui sont venues confirmer des notions que l’on ne connaissait que de façon indirecte. La difficulté de l’historien est que pour être crédible, il doit s’appuyer sur des faits concrets pour lesquels il y a des preuves : documents, écrits, monuments, statuaires etc… mais cela ne prouve pas que ce pourquoi, il n’y a pas de preuves n’a pas existé ou a existé. C’est le problème de l’histoire des débuts de la Chrétienté.

 

Pourquoi les origines du Christianisme sont-elles si mal connues ?

La première est que Jésus, comme Socrate, comme Bouddha, comme Mahomet n’a laissé aucun écrit personnel. Les Evangiles qui racontent sa vie et son enseignement sont bien postérieurs à sa mort. Même dans la tradition chrétienne, des quatre évangélistes, seuls deux étaient de ses disciples : Jean et Matthieu. Deux ne l’étaient pas, Marc aurait écrit sous sa dictée de Pierre, et Luc était un médecin, compagnon de Paul.

 

Les Evangiles sont bien souvent des écrits de seconde ou de troisième main qui ont d’ailleurs évolué dans le temps.

Il semblerait que les Evangiles canoniques se soient tous inspirés d’une source dite « Q », initiale du mot allemand « quelle » qui veut dire source et qui n’a jamais été retrouvée.

L’Evangile le plus ancien est celui de Marc dont la première version aurait été écrite tout de suite après la chute du Temple en 70 ou un peu avant, mais il en existe une seconde version plus tardive inspirée de Matthieu et de Luc

 

L’Evangile de Matthieu a été écrit vraisemblablement en 90. Il s’est inspiré de la source « Q » et de l’Evangile de Marc.

 

L’Evangile de Luc a eu aussi deux versions, l’une appelée « proto Luc » s’inspirant de « Q » et de Marc, l’autre plus tardive rédigée vers 92-93.

 

L’Evangile de Jean si important pour nous maçons ne s’inspire pas des mêmes sources aurait été écrit vers l’an 100 ou même plus tard 125.

A côté de ces Evangiles canoniques, il existe de nombreux Evangiles dits « apocryphes », c’est-à-dire cachés.

En fait après la mort de Jésus le monde « post Jésus » a été en ébullition pendant plus de trois siècles où diverses versions de l’enseignement du Christ se sont affrontées.

 

Ce n’est que bien plus tard que les « canons » de l‘Eglise ont été définis du moins dans leur grandes lignes et que les autres courants ont été déclarés hérétiques.

Pourquoi donc ce silence ? Pour deux raisons :


            1/ D’abord, l’inquisition qui punissait du bucher, pour hérésie, toutes les personnes qui osaient remettre en cause la ligne officielle. Soulignons que la doctrine chrétienne avait au passage assimilé les philosophes grecs et surtout Platon et Aristote. Tous ceux qui remettaient leur enseignement en cause en particulier dans le domaine des sciences comme la médecine et l’astronomie, tombaient sous sa coupe, cf. Galilée et Harvey.


            2/ En second lieu, la manipulation des textes. L’imprimerie n’existait pas. Les livres étaient recopiés par des copistes et en faibles exemplaires. Ceux-ci pouvaient faire des erreurs volontaires ou non, pour satisfaire la doctrine de tel ou tel. C’est ainsi que les textes dits apocryphes ont disparu de la littérature chrétienne jusqu’à un certain nombre de découvertes récentes.


Alors, comment et pourquoi l’histoire officielle est-elle remise actuellement en question ? Pour trois raisons :


          1/ D’abord, du fait de la disparition de l’inquisition, qui est récente, 1834 en Espagne et ce n’est qu’en 1965 que le « Saint Office », en charge de l’inquisition au Vatican, est transformé en « Congrégation pour la doctrine de la Foi », dont Monseigneur Ratzinger avait été nommé responsable par Jean XXIII, jusqu’à ce qu’il soit lui-même élu pape !


          2/ En second lieu, du fait de documents très anciens, découverts dans la deuxième moitié du 20ème siècle, par hasard.

Les plus anciennement retrouvés, l’ont été en 1945, dans une grotte près de Louxor, à Nag Hammadi appelés « codex de Nag Hammadi », écrits en copte, datant du 2ème , 3ème siècle, mais plus anciens car traduits du grec, contenant des textes gnostiques, connus jusqu’ici que par les critiques d’Irénée, évêque de Lyon (120,130-202 AP J.C.). Ces documents exposent la doctrine gnostique qui repose sur une dualité totale entre l’esprit et la matière. C’est dans ces codex qu’ont été retrouvés l’Evangile selon Thomas.

Les plus connus qui sont chronologiquement les plus anciens, datant de 300 AV J.C. à 70 AP J.C ont été découverts entre 1947 et 1956 dans une grotte de Cisjordanie, à Qumram, intitulés : « manuscrits de la Mer Morte », composés de 900 rouleaux constituant les exemplaires les plus anciens de la Bible car écrits en Hébreux, et aussi des textes apocryphes. Certains se rapportent à la communauté Essénienne. Monseigneur Daniélou a écrit qu’ils bouleversaient totalement ce que nous connaissions des origines du Christianisme.

Les derniers retrouvés qui ont changé aussi notre vision des débuts du Christianisme, ont été découverts en 1970, près du Caire, intitulés « codex de Tchacos ». Parmi ces documents, il a été retrouvé de nombreux textes apocryphes, dont certains existaient déjà dans les manuscrits de la mer morte, mais surtout l’ « Evangile selon Judas » qui est un texte gnostique.


            3/ La troisième raison est liée à l’évolution de la société qui fait qu’il n’y a plus de sujet tabou.

Puisqu’il n’y a pas de sujet tabou, la première question qui se pose, aussi iconoclaste soit-elle est : Jésus, celui des Evangiles, a-t-il existé ?

D’après les Evangiles, Jésus était suivi par une foule immense : Citons Matthieu : « Il parcourut toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la bonne nouvelle du royaume et guérissant toute maladie et toute langueur dans le peuple. Sa renommée gagna toute la Syrie… ». De grandes foules se mirent à le suivre, venues de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de la Transjordanie ». Ou encore, (Marc) : « Il ne pouvait entrer ouvertement dans une ville, mais il se tenait en dehors, dans des lieux déserts ; et l’on venait à lui de toutes parts ». Et encore : avec seulement 5 pains et 5 poissons, il nourrit une multitude. Cette scène, fait exceptionnel est reprise par les quatre Evangélistes, parfois 2 fois.

Pourtant l’historien, Juif Romain, contemporain de l’époque, Flavius Joseph (37, 38 vers l’an 1OO après J-C), aussi bien dans « les antiquités judaïques » que dans la « les guerres juives » ne parle jamais de Jésus. Par contre il parle d’un certain prophète « Egyptien », qui aurait eu maille à partir avec Pilate, qui aurait réuni 30.000 « dupes » sur le mont des Oliviers pour prendre Jérusalem et chassé les Romains.

 

Y a-t-il eu de la part des pères de l’Eglise une confusion volontaire ou non entre cet Egyptien et Jésus. Dans une version du 9ème siècle des « antiquités Judaïques », il est fait référence à Jésus, mais presque tous les historiens actuels sont d’accord pour penser qu’il s’agit d’un « rajout ».

Flavius Joseph ne parle pas non plus du massacre des Innocents. Il semble que cet événement qui a entrainé la mort de tous les enfants mâles de moins de deux ans à Jérusalem, aurait dû être relaté par cet écrivain par ailleurs méticuleux dans les détails. Sa relation aurait accrédité l’ « histoire » de Jésus.

La date de la naissance de Jésus est aussi discutée par les historiens, non pas le jour, tous s’accordent que le 25 décembre a été choisi pour des raisons symboliques : solstice d’hiver, fête du « sol invictus », mais l’année.

 

Hérode le Grand qui commanda le massacre des innocents est, en fait mort 4 ans avant la date retenue pour la naissance de Jésus ! A moins que Jésus ne soit né plus tôt, ou plus tard car selon Luc, elle eut lieu alors que Quirinus était gouverneur de Syrie et que César Auguste ait publié un décret de recensement. Or ce décret a été publié en l’an 6 de notre ère ! L’analyse des données astrologiques à l’origine du périple des rois mages ferait plutôt penser que Jésus s’il a existé, serait né en l’an 7 avant J.C. !

 

D’autres historiens du 1er siècle ignorent totalement le Jésus des Evangiles :

 

Philon d’Alexandrie (vers 12 avant J.C., vers 54, après J-C), historien grec d’origine juive écrivit 50 volumes dans lesquels il parle de Pilate, mais jamais de Jésus !

 

Suétone (69, 70-122 après J-C) qui écrivit la vie des douze Césars, parle en l’an 50 d’un certain Chrestos : « Claude chassa de Rome les Juifs qui sous l’impulsion de Chrestos s’agitaient constamment ». Il s’agit de Rome et non de Jérusalem et Claude a régné de 41 à 54 après J-C. Il est peu probable que ce Chrestos soit le Christ des Evangiles ! D’ailleurs, Suétone parle de Juifs et non de Chrétiens, mais à l’époque la distinction n’existait pas encore.

 

Tacite (55-120 après J-C) parle dans un seul manuscrit daté du 11ème siècle de la responsabilité des chrétiens dans l’incendie de Rome d’ailleurs pour dire que ce n’est pas certain : « ce nom dit-il leur vient de Christus, qui sous le règne de Tibère fut condamné au supplice par le procureur Ponce Pilate ». D’après les historiens modernes, cette phrase serait aussi un « rajout » pour accréditer l’existence de Jésus.

 

Et que dit la tradition juive ?

 

Dans la Mishnah qui est la première partie du Talmud, il est fait une liste de tous les hérésiarques qui jadis s’opposèrent au Sanhédrin de l’an 40 avant J-C jusqu’en 237 après J-C, il n’est jamais fait allusion au Jésus Chrétien !

 

Enfin si Jésus avait été jugé dans les circonstances décrites dans les Evangiles, il aurait dû y avoir un rapport officiel déposé dans les archives impériales, or ce rapport n’a jamais été retrouvé. Justin de Rome (100-165 après J-C) conscient du problème écrit dans sa « Première Apologie pour les Chrétiens » qu’il suppose qu’un tel rapport existe qu’il doit se trouver dans les papiers de l’Etat et que son contenu ne peut qu’être conforme à ce qui est écrit dans les Evangiles. Bel acte de Foi mais aucun argument concret !

 

Comment, à cet homme qui a déplacé des foules, qui a fait des miracles, qui a guéri des malades, la foule a-t-elle pu lui préférer Barabbas, présenté dans l’Evangile comme un bandit mais que l’on appellerait peut-être maintenant « résistant » à l’occupation romaine ? Comment a-t-il pu être ignoré de tous les historiens non chrétiens de son époque ?

 

Une autre question se pose, pourquoi ces milliers d’hommes qui ont suivi Jésus de son vivant, n’ont pas témoigné à sa mort de leur Foi en érigeant des monuments à sa gloire ? Aucune construction que l’on puisse attribuer aux premiers chrétiens, aucune ruine, aucun statuaire, alors que par la suite la religion chrétienne ne s’en est pas privée !

 

Il a fallu attendre l’empereur Constantin au 4ème siècle pour avoir des témoignages concrets de la vie de Jésus, mais des témoignages créés de toute pièce à son époque. Il envoie sa mère Hélène en Judée, accompagnée de l’évêque Macaire qui vont reconstituer « historiquement » les lieux saints. Macaire désigne au cours d’une « vision » le Golgotha, il découvre miraculeusement le tombeau de Jésus, de son côté Hélène exhume la Vraie Croix, elle en découvrit même 2 supplémentaires ! Des clous et d’innombrables reliques ! Elle fait construire la Basilique du Saint Sépulcre, reconstitue le Chemin de Croix (la Via Dolorosa, dans la vieille Jérusalem). Elle fait construire la basilique de la nativité à Bethleem et de nombreuses autres un peu partout rappelant la vie du Christ.

 

Nazareth n’existait pas du temps du Christ, on a retrouvé récemment quelques vestiges de maisons mais qui seraient bien antérieurs au temps de Jésus. En fait, pour certains historiens, Jésus n’était pas de « Nazareth », mais Jésus le Nazaréen, il s’agit d’une erreur de traduction, là encore, volontaire ou non ?

 

A l’époque où serait né Jésus, le peuple juif n’était pas uni et rassemblé comme il l’est maintenant, mais divisé en de multiples sectes qui avaient un point commun la croyance en un Dieu unique. Parmi celles-ci, les plus connues sont : les pharisiens, les adeptes de Jean Le Baptiste, les Esséniens, les Sadducéens, les Nazaréens, les Samaritains qui étaient considérés comme des hérétiques par les juifs orthodoxes d’où l’importance de la parabole du bon Samaritain et de la place de Marie de Magdala dans l’Evangile de Jean. C’est à elle seule et la seule fois que dans les quatre Evangiles, Jésus affirme sa Messianité. La femme lui dit : « Je sais qu’un Messie doit venir ». Jésus lui dit : « Je le suis moi qui te parle ».

 

Ce n’est que bien plus tard, au 5ème siècle que le Talmud tel que nous le connaissons a été définitivement fixé. Il constitue le texte de référence pour les juifs actuels et reprend en grande partie l’interprétation pharisienne de la Torah.

 

Les Nazaréens étaient des ascètes consacrés dès leur enfance à Dieu. C’était souvent le premier né dans une famille ce qui serait bien le cas de Jésus.

 

Les Esséniens que l’on connait mieux maintenant grâce aux manuscrits de la Mer Morte étaient une secte juive que l’on qualifierait actuellement d’intégristes. Ils appliquaient la Loi à la lettre. Les Esséniens considéraient leur « maître de justice » comme leur élu qui devait revenir lors de l’apocalypse ce qu’annonce justement l’Apocalypse selon Saint Jean. Mais ils avaient aussi un certain nombre de points originaux dans leur doctrine qui peuvent être considérés comme les bases du christianisme, ou du moins un trait d’union entre le Judaïsme et le Christianisme. Par exemple ils prônaient « la circoncision du cœur » et non la circoncision charnelle ce qui est une annonce de la querelle ultérieure entre circoncis et non circoncis et est à la base de la doctrine de Saint Paul ouvrant la nouvelle religion aux Gentils.

 

Les autres points communs avec le Christianisme primitif sont : la vie en commun, la chasteté, le baptême ce qui rapproche encore Jésus et Jean Baptiste des Esséniens, le partage du pain et du vin qui bien évidemment fait penser à la dernière Cène du Christ.

 

C’est au Christ, Essénien que l’on doit cette phrase : « Le Shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Shabbat », reprise ensuite dans l’Evangile de Marc.

 

Certains historiens de l’histoire des religions, vont même plus loin en faisant un parallélisme entre le « Veda », livre révélé de l’Hindouisme, et la Bible. Abraham ne serait pas né à Ur en Chaldée mais en extrême Orient. Ils font le rapprochement entre Abraham et sa femme Sarah, Brahma et sa femme Sarasvatî, Adi-Manu qui est un des quatre premiers hommes crées par Brahma et Adam et Nuth ou Noé. Il y a de nombreuses concordances entre les trois religions les plus anciennes : l’Hindouisme, la Bible et la mythologie Egyptienne, du moins dans sa forme monothéiste du culte du soleil, instituée par Akhenaton.

 

Comment ne pas faire une comparaison entre le meurtre d’Isis par jalousie par son frère Seth et celui du meurtre d’Abel par Caïn, aussi par jalousie. Comment ne pas faire le rapprochement entre la résurrection d’Isis et celle du Christ et pour nous maçons la palingénésie du maître Hiram.

 

Certains vont même plus loin encore rattachant ces religions monothéistes au Zoroastrisme qui a été révélé et recueilli dans les Gathas, vers 1.000 avant J-C. Zoroastre est un sage Perse qui prônait la dualité entre le bien et le mal. Il admettait une vie après la mort, chaque être humain étant jugé d’après ses mérites. Sa philosophie a fortement influencé la philosophie Judéo-chrétienne et Platon qui l’a fait connaître en Occident, et plus près de nous, Voltaire et Nietzsche dans : « ainsi parlait Zarathoustra » mis en musique par Richard Strauss.

Les Gathas, La Bible, le Coran trois livres sacrés de religions révélées !

Devant ces difficultés, voire ces contradictions, certains historiens défendent actuellement la thèse qu’il y aurait eu une confusion ou un amalgame entre Jésus de Nazareth et Jehoshuah dont on parle dans le Talmud et qui aurait vécu un siècle avant le Jésus des chrétiens. Il aurait été le « maître de justice » des Esséniens. La lecture des manuscrits de la Mer Morte vient accréditer cette thèse que défendirent André Dupont-Sommer et aussi Monseigneur Daniélou.

 

Jésus serait peut-être la synthèse de plusieurs courants de pensée qui étaient en gestation dans le monde juif et surtout grec et les Evangiles ne seraient que la synthèse et la formalisation de ces courants.

A la mort de Jésus, 3 personnages importants ont pu historiquement revendiquer sa succession :

            Pierre.

            Jacques son frère !

            Jean le disciple bien aimé.


1/ Pierre, celui qui est resté comme le successeur désigné. « Pierre tu es pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ». Phrase très discutée par les exégètes actuels car le « jeu de mots » entre Pierre, le prénom, et pierre le matériau de construction ne pouvait se faire qu’en latin qui n’était pas la langue du Christ ! D’ailleurs, on ne retrouve cette phrase que dans Matthieu. Pour Jean, le successeur de Jésus serait plutôt André son frère.

De plus dans les Evangiles, Pierre apparait comme un personnage un peu falot, voir lâche. C’est lui qui doute du Christ et n’ose pas le rejoindre sur le lac de Tibériade en marchant sur les eaux lui valant cette parole du Christ : « homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? », (Matthieu). C’est lui encore qui par trois fois le trahit au moment de son calvaire : « non, je ne connais pas cet homme », phrase reprise de façon plus ou moins différente dans les quatre Evangiles. C’est enfin lui qui, au moment des persécutions de Néron, fuit Rome avant qu’il ne soit rappelé à l’ordre par le seigneur lui-même : « Quo vadis ? », selon un texte apocryphes.


2/ Jacques le frère de Jésus, mais déjà, était-il son frère et sur un plan plus large, Jésus avait-il une fratrie ?

Etant donné les connaissances que l’on a maintenant de la sociologie de l’époque, il est peu probable que Marie n’ait pas eu d’autres enfants avec Joseph. Il est aussi vraisemblable que Joseph, beaucoup plus âgé que Marie, ait été marié une première fois et alors ait eu des enfants qui auraient été des demi-frères de Jésus. L’Evangile de Luc laisse planer un doute : « Elle enfanta un fils premier né » ce qui laisse supposer qu’elle en a eu d’autres ! La difficulté à l’affirmer ou à l’infirmer vient d’un problème linguistique. Les plus anciens textes des Evangiles que nous connaissions sont écrits en grec et sont donc une transcription de l’Araméen, langue du Christ. En Araméen, il n’y a pas de mot différent pour dire frère ou cousin, cela vient peut-être du fait que les familles vivaient bien souvent ensemble. Par contre en grec les deux mots sont différenciés, mais comment faire la différence ?

D’ailleurs, la tradition de s’appeler « Mon Frère », perdure dans les pays méditerranéens, sans qu’il y ait pour autant de lien de parenté. Encore actuellement, dans l’Eglise catholique, tous les fidèles sont « frères en Jésus-Christ ». Et nous-mêmes ne nous appelons-nous pas « Mon Frère ».

Paul dans l’Epitre aux Galates dit : « j’ai vu Jacques le frère du Seigneur ». Si Jésus à l’époque ne pouvait être considéré que comme le prophète d’une secte juive, plus ou moins proche des Esséniens, il était traditionnellement normal que selon la loi héréditaire, son frère lui succède.

Jacques est inconnu dans les Evangiles canoniques, par contre, on le connait par les Evangiles apocryphes et par « l’histoire ecclésiastique d’Eusèbe » qui a voulu le dénigrer, prouvant bien qu’il avait existé et était un personnage important.

Jacques est dans ce récit une figure redoutable :

« II fut sanctifié dès le sein de sa mère, il ne buvait ni vin, ni boissons enivrantes ne mangeait rien qui ait eu vie. Le rasoir n’avait jamais passé sur sa tête ; il ne se faisait jamais oindre et n’avait jamais pris de bains ! »

Il était considéré par les juifs de l’époque, du fait de son ascèse comme un exemple. On dit qu’il était Nasir c’est-à-dire, une sorte de moine Nazaréen. Il a pourtant été lapidé par ses coreligionnaires, car il considérait Jésus comme le Messie. C’est à Jacques que l’on doit cette parole « pardonne leur, seigneur car ils ne savent pas ce qu’ils font », repris ensuite par dans l’Evangile de Luc comme une des 7 phrases prononcées par le Christ sur la croix.


3/ Jean, l’aigle de Pathmos, le disciple préféré de Jésus, auteur de l’Evangile de Saint Jean et, selon la tradition chrétienne, de l’Apocalypse de Saint Jean. En fait il est peu vraisemblable que les deux textes soient du même auteur. L’apocalypse a été écrite sous le règne de l’empereur Dioclétien, c’est-à-dire vers la fin du premier siècle. En admettant que Jean ait eu l’âge de Jésus ou un peu plus jeune, il aurait eu à ce moment-là près de 100 ans, ce qui est peu plausible.


4/ A ces trois personnages briguant la succession de Jésus, vient s’ajouter Paul qui bien qu’il veuille le faire croire, n’était pas disciple de Jésus puisqu’il ne l’a jamais connu, mais il revendique ce titre, car le Christ lui est apparu sur le chemin de Damas. Il a été cependant l’élément essentiel de l’évolution de la chrétienté en donnant à ce qui n’était qu’une secte juive parmi d’autres, l’essor qui a été la sienne et surtout en la séparant de la tradition juive.


Jésus était un Juif. II a été circoncis comme les juifs, (pour la petite histoire, dans les reliques chrétiennes il existe une douzaine d’endroits où est vénéré le « Saint Prépuce » !) Il a été présenté au temple à l’âge de 12 ans, il le fréquenta par la suite, régulièrement, même si c’était pour s’opposer aux prêtres. Il a été enseveli selon la tradition juive.

Si le Christianisme a pu s’étendre au-delà de la Judée dans le monde païen et romain, c’est avant tout grâce ou à cause de Paul.


Des quatre successeurs potentiels de Jésus, 2 étaient ce que l’on appellera plus tard des Judéo-chrétiens et 2 des Pagano-chrétiens ou Helléno-chrétiens. Ce terme de « chrétiens » n’ayant été introduit que vers le 3ème siècle.


En effet dès la mort de Jésus, le Christianisme naissant s’est orienté vers deux directions différentes. Pour les Judéo-chrétiens, Jésus était dans la droite ligne des écritures, d’ailleurs n’avait-il pas dit : « je ne suis pas là pour abroger les écritures mais pour les accomplir », et «  pas un iota de la Loi ne passera que tout ne soit accompli », (Matthieu).


A l’opposé pour les Pagano-chrétiens, la doctrine de Jésus était universelle et eux aussi se référaient aux écritures : « Allez enseigner à toutes les nations », (Marc et Matthieu).


Jean et Jacques étaient les représentants de la première tendance, Pierre et Paul de la seconde.


On le sait, ce sont finalement les Pagano-chrétiens qui ont prévalu, si cela avait été les Judéo-chrétiens, l’ordre du monde aurait peut-être été tout diffèrent.


Dès le début les Judéo-chrétiens et les Pagano-chrétiens se sont affrontés, parfois violemment et même jusqu’à la mort. Etienne dont il est abondamment parlé dans les actes des apôtres, apparait comme le premier martyr Chrétien mis à mort par d’autres Chrétiens, ou Juifs, à l’époque la séparation n’était pas encore consommée. Paul décrit avec maints détails son rôle dans la lapidation d’Etienne à laquelle il aurait personnellement sinon participé, du moins assisté. Paul se sert de cet événement pour illustrer sa haine à l’époque des Chrétiens et donner encore plus de force à sa conversion.


Paul apparait comme un personnage peu sympathique si on lit un peu sa vie entre les lignes.


C’était une sorte de Rastignac, on dirait maintenant un arriviste. Ces origines sont mal connues. Il est né à Tarse de famille juive ? Ou non ?

Pour certains, Paul serait un prosélyte, c’est-à-dire un juif converti, né dans la gentilité, circoncis pour briguer la main de la fille du grand prêtre, il se serait fait éconduire. Ce qui explique les deux parties de sa vie : d’abord converti au judaïsme, il pourchasse les chrétiens, ensuite, par dépit après son illumination sur le chemin de Damas, il combat le Shabbat, la circoncision, la Loi de Moïse. Ce qui explique, la haine que les Juifs ont eu par la suite pour lui. Il y a dans la biographie de Saint Paul, telle qu’elle est relatée dans les actes (80-90 après J-C), alors qu’il est mort en 65, tout un symbolisme, plus il était cruel envers les chrétiens avant, plus sa conversion a de valeur.

Mais il ne sera pas pour autant accueilli à bras ouverts par les Helléno-chrétiens qui se méfient tout autant de lui.

Plus tard, au chapitre 22 des actes qui en comporte 28, on apprendra de l’aveu même de Paul, pour se tirer d’un mauvais pas, qu’il est citoyen romain et qui plus est de « naissance » !

Sa fin est tout aussi floue que sa vie. Dans le dernier chapitre des actes des apôtres il est dit par le narrateur : « Quand nous fûmes entrés dans Rome, on permit à Paul de loger dans une maison particulière avec le soldat qui le gardait », il y serait resté 2 ans. Après, on n’en parle jamais plus, alors que théoriquement il avait été transféré à Rome pour être jugé ! L’histoire s’arrête là. Est-ce que parce que c’était une évidence pour ses contemporains qu’il avait été exécuté ? Ou non ?

Ultérieurement, lorsque le paulinisme eut triomphé, il apparut nécessaire de donner plus de consistance à cette fin, en étant plus précis et surtout en faisant de Paul un martyr. A la fin du premier siècle, dans sa première épître aux Corinthiens, Clément de Rome dit : « quand il eut annoncé la justice au monde entier et atteint les bornes de l’Occident, il rendit témoignage devant ceux qui gouvernaient, il quitta alors ce monde et gagna alors le séjour sacré. « Rendre témoignage » veut-il dire : subir le martyre (du grec martus : témoin) ? Ce n’est qu’au début du 3ème siècle qu’Origène et Tertullien, précisent les circonstances de la mort de Paul, en assurant qu’il a été décapité sous Néron. Cette précision « décapité » est importante, car elle confirme qu’il était bien citoyen romain, sans que le moindre doute ne puisse être émis ; il a été décapité et non crucifié ce qui aurait été le cas s’il avait été juif comme Pierre. La deuxième précision « sous Néron », empereur détesté, mêmes des romains ne risquaient pas de les dresser contre cette nouvelle religion qui prenait de plus en plus de place dans l’empire.


Vers l’année 70, date de la chute du temple de Jérusalem, Jacques est mort, Pierre est parti à Rome ; il ne reste plus que 2 prétendants à la succession de Jésus : Jean et Paul.


Jean est bien connu par son Evangile et son apocalypse.


L’Apocalypse de Jean comporte 2 messages. Le premier dans la continuité des Apocalypses juives, il annonce la fin du monde. Cette fin du monde se fera dans les larmes, le sang et la douleur, comme annoncé dans le livre de Daniel : «l’abomination de la désolation ». Cette fin du monde est imminente, elle annonce le retour du royaume de Dieu. « Tous ceux qui refusèrent d’adorer la bête reprirent vie et régnèrent avec le Christ mille années ».


Pour rassurer ceux qui s’inquiétaient comme Montan qui se déclarait prophète que la fin du monde se fasse attendre, il a été répliqué la parole de Pierre dans la deuxième Epitre pour leur faire prendre patience : « c’est que pour le Seigneur, mille ans est comme un jour et un jour est comme mille ans ». Cette « prétention » de Montan a se vouloir être un prophète lui valut d’être déclaré hérétique.

L’attente de l’Apocalypse imminente perdura jusqu’au 4ème siècle.

Le deuxième message est contre Rome. Rome la grande prostituée, la nouvelle Babylone, qui se saoulait du sang des Saints et du sang des martyrs de Jésus. Ce que l’Apocalypse annonce c’est le royaume à venir, la nouvelle Jérusalem c’est-à-dire l’Eglise Chrétienne qui finira par terrasser la nouvelle Babylone, c’est-à-dire l’Empire romain.


Mais là encore, il y a deux visions du royaume du Christ :

Pour Eusèbe, il sera bien terrestre et consistera : « dans les satisfactions du ventre et de ce qui est en dessous du ventre, c’est-à-dire, les aliments, les boissons et les noces ». On ne peut être plus clair ! Cela fait un peu penser aux 71 vierges promises aux martyrs musulmans !


Devant ce message, on peut comprendre que les premiers Judéo-chrétiens ne voyant pas la fin du monde arriver, se soient livrés à des actes extrêmes. Dans ce contexte, il est tout à fait plausible que ce soient eux qui aient provoqué l’incendie de Rome. Par ce geste, ils hâtaient la fin du monde et détruisaient dans les flammes la « Nouvelle Babylone ». On dirait maintenant que c’était des « fous de Dieu », ils réclamaient le martyre et voulaient appliquer la promesse de Jésus : « je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il fût déjà allumé » (Luc mais aussi dans Jérémie et l’Epître aux Hébreux).


Pour les Pagano-chrétiens au contraire, Rome n’est pas l’ennemie. Ils s’appuient eux aussi sur les textes : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », phrase que l’on retrouve dans les trois Evangiles synoptiques et dans l’Evangile de Jean, il est dit « mon royaume n’est pas de ce monde ». Cette phrase est en contradiction avec la thèse « millénarisme » de l’Apocalypse de Jean qui accrédite l’idée que les textes ne sont pas du même auteur.


Dans l’Epitre à Timothée, attribuée à Paul, celui-ci dit : « je recommande avant tout qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâce pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité ». C’est ce que nous faisons au début de nos agapes lorsque nous portons un toast aux grands de ce monde qui soutiennent la Franc-Maçonnerie.


Malgré cela, les Chrétiens continuent à être pourchasser dans l’Empire Romain.


Mais il semble que le nombre de martyrs Chrétiens aient été surestimés pour des raisons de propagande au début de l’ère chrétienne. Il est difficile de dénombrer les persécutions romaines. Au 5ème siècle les écrivains ecclésiastiques dénombrent 10 persécutions, mais ce chiffre qui renvoie aux 10 plaies d’Egypte, tient plus au symbole théologique qu’à l’Histoire.


Finalement les Pagano-chrétiens se sont étendus dans l’Empire sans trop de difficultés, d’autant plus qu’ils étaient respectueux du pouvoir en place.


Mais un problème n’était pas résolu, celui de sa référence au Judaïsme.

Pour Marcion (vers 85-160 après J-C) dont il ne reste aucun texte et que l’on connait que par Tertullien dans son « contre Marcion » il fallait rompre toute attache avec le Judaïsme. Il rejette l’Ancien Testament et ne retient qu’une partie de l’Evangile de Luc et 10 épîtres de Paul qui est sa principale référence. Marcion avait aussi des points communs avec les gnostiques, il a été déclaré hérétique et exclu de la communauté chrétienne.


Cette condamnation avait aussi pour les nouveaux Chrétiens une raison de réalisme politique car ils avaient intérêt à conserver des liens avec le judaïsme.


Il y avait dans l’Empire romain 3 types de culte, la religion d’Etat en latin « religio », les religions anciennes en latin « religio licita » qui bénéficiait d’une certaine liberté de culte, dont le Judaïsme, et les religions des barbares, en latin « superstitio ». Renoncer pour les nouveaux Chrétiens à toute référence au Judaïsme, était se priver du statut de « religio licita ».


A la fin du 1er siècle, les principes de la nouvelle religion chrétienne étaient à peu près fixés. La rupture entre Juifs, Judéo-chrétiens et Pagano-chrétiens est consommée, les Judéo-chrétiens après la disparition de Jean n’ayant plus de leader charismatique.


Mais les pères de l’Eglise seront obligés de batailler longtemps encore contre le Judéo-christianisme. Celui-ci perdurera jusqu’au début du Moyen-âge.


En fait après la disparition de Jean, le principal danger pour l’Eglise naissante était les diverses hérésies qui ont perduré pendant plusieurs siècles et aux quelles se sont opposés les pères de l’Eglise, en particulier l’Evêque de Lyon Irénée qui a permis grâce à son livre « contre les hérésies » que les principales thèses de celles-ci viennent jusqu’à nous.


J’ai déjà parlé de Montan et de Marcion, mais d’autres hérésies ont menacé les débuts de la Chrétienté. Pour ne pas allonger mon propos je ne parlerai que de 2 des plus importantes : la gnose et l’arianisme.


La gnose (du grec gnosis, connaissance), est en fait une philosophie très ancienne de telle sorte que l’on peut se demander si ce n’est pas le Christianisme qui dérive de la gnose, plutôt que le contraire. Certains thèmes gnostiques étaient déjà retrouvés chez les Esséniens. La gnose considère que le Dieu des religions du livre ne peut pas être le vrai Dieu puisqu’il accepte le mal.


D’ailleurs cette interrogation sur l’existence d’un Dieu ou de Dieux qui acceptaient le mal était déjà posée par Cicéron à Rome, un siècle avant Jésus-Christ, lorsqu’il disait : si Dei mali sunt, Dei non Dei ». Saint Thomas a essayé de d’expliquer ce paradoxe, en disant que Dieu n’est pas responsable du mal, mais qu’il a créé l’homme libre.


Pour les gnostiques le monde n’est pas fini, il existe un principe supérieur et le monde a été créé par un démiurge qui n’est pas Dieu. La lutte entre le bien et le mal n’est pas terminée et le salut ne peut venir que de l’intérieur à la suite d’une démarche initiatique, c’est tout le sens de notre démarche de Maçons. La gnose voit ses origines dans la mythologie égyptienne et dans le Zoroastrisme.


Malgré le rejet de la gnose, on en retrouve des traces dans les écrits canoniques comme les Epitres de Paul et surtout dans l’Evangile de Jean et son prologue où le « Verbe » peut être interprété comme le « principe supérieur » des gnostiques.


L’hérésie d’Arius posait un autre type de problème théologique qui encore maintenant est mal compris des Chrétiens : comment existe-t-il un seul Dieu en trois personne ? Ou même en 2, le père et le fils. Le Saint Esprit, le « paraclet » annoncé par Jésus dans l’Evangile de Jean, ayant été ajouté plus tard lors du concile de Constantinople en 381. Mais la querelle théologique appelée « filioque » entre les orientaux tenants du Saint-Esprit procédant uniquement du Père et les occidentaux qui défendaient la thèse qu’il procédait du Père et du fils, dura jusqu’en 1054 date retenue comme consommation du Grand Schiste d’Orient.


Si Jésus est le fils de Dieu, existe-t-il un rapport hiérarchique entre eux ne serait-ce que chronologique. Dans la tradition Judaïque que reprend Arius, le fils ne peut pas être l’égal du père. Dans la prière, Sheema Israël, il est dit ; « Ecoute Israël, notre Dieu éternel, notre Dieu Un ».


Paul qui était pourtant un Pagano-chrétien a écrit : « le père a créé le fils pour qu’il soit à son tour créateur ». A l’inverse Jean qui était un Judéo-chrétien, dans le prologue à son Evangile dit : « au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ».


Le concile de Nicée réunit en 325 à l’instigation de l’empereur Constantin trancha le problème après des mois de discussion d’où l’expression : discussions byzantines. Le « Credo », encore appelé « symbole des apôtres » ou « symbole de Nicée » dit cette phrase que certains d’entre nous ont répétée sans bien toujours la comprendre : « Je crois en Jésus Christ son fils unique qui a été engendré et non pas créé ».

Pourquoi est-ce sous l’égide de Constantin que s’est réuni le concile de Nicée ? Depuis le 2ème siècle le Christianisme, malgré les persécutions, s’est étendu dans l’Empire, d’ailleurs plus dans les provinces d’Orient et d’Afrique que dans les provinces d’Occident. Les Chrétiens s’hellénisent sous l’influence de Justin de Néopolis, (2ème siècle) qui avant d’adhérer au Christianisme était un philosophe élevé à la lumière des doctrines de Pythagore et de Platon. Sous son influence, le Christianisme devient plus intellectuel, des couches populaires qui étaient ses premiers partisans, il gagne les couches intellectuelles des villes.

Parallèlement l’organisation de l’Empire se modifiait. Il était trop grand pour être dirigé par un seul homme. En 285, Dioclétien crée un co-empereur, Maximien. Celui-ci aura la charge de l’Occident et il se réserve la charge de l’Orient. En 293, cette diarchie, va devenir une tétrarchie, aux 2 empereurs appelés Auguste, sont associés 2 adjoints appelés César. La succession des empereurs était déjà difficile lorsqu’il y en avait qu’un, elle va devenir très difficile avec 2 et quasi impossible avec 4. Les coups d’état, les assassinats pour la succession se sont succédé, annonçant le déclin.


Vers 310 l’Empire n’a pas moins de 7 empereurs. A la suite de guerres fratricides, d’assassinats et de suicides, en 311, il n’en reste plus que 4.

Parmi ces guerres, il en est une particulière, celle de la bataille du pont Milvius, en 312, où Constantin élimine Maxence ce qui va définitivement scellé le sort du Christianisme. Cette bataille est à priori déséquilibrée. Maxence a des forces plus nombreuses : tous les dieux romains sont pour lui et il descend d’Hercule par son père ! Face à lui, Constantin ne fait pas le poids, il a bien le soutien d’Apollon qui lui serait apparu 2 ans auparavant dans les Vosges. Il aurait aussi le soutien du Dieu Solaire accompagné de la victoire (sol invictus). Il lui fallait autre chose. La veille de la bataille, Constantin voit apparaître en songe les deux premières lettres du mot Christ, superposées et croisées, et une voix lui disait : « par ce signe tu vaincras ». Constantin fit graver ce signe sur les boucliers de tous ses soldats. Il gagna la bataille de Milvius et Maxence se noie dans le Tibre !


Il ne restait plus que 2 co-empereurs : Constantin et Licinius. Quelques mois après la bataille du pont Milvius, Licinius et Constantin promulgue en 313, un édit connu sous le nom « d’édit de Milan » qui fait référence au millénarisme ou retour du règne de Jésus sur terre pendant mille ans. Il donne aux Chrétiens leur liberté de culte. Mais l’accord n’a pas la même signification pour les 2 signataires, pour Licinius, il s’agissait d’un maximum accordé aux Chrétiens, pour Constantin, il s’agissait d’un minimum. Le fossé se creuse entre les 2 hommes et Constantin attaque Licinius en 316. La guerre va durer 8 ans, ce n’est pas encore une guerre de religion, mais ça y ressemble. Vaincu Licinius est mis à mort en 324,

Constantin reste seul Empereur, il se doit d’assurer la paix et l’unité de l’Empire. Les Chrétiens reconnus par l’Empereur se doivent de le soutenir. C’est un mariage de raison qui durera jusqu’au 19ème siècle. Constantin veut aussi la paix dans l’Eglise qui à ses yeux est devenue un des rouages de l’Etat, c’est pour cela qu’il sera l’organisateur du concile de Nicée. Le Christianisme ne deviendra religion d’Etat qu’en 391 quand Théodose décrète l’interdiction du paganisme et aussi du Judaïsme promulguant les premières « lois antijuives ».

Pour faire accepter les nouvelles règles, Constantin fait adopter de nombreuses coutumes païennes. Le Shabbat est remplacé par le dimanche qui était le jour du culte de Mithra. Noël est fixé au 25 décembre, jour du solstice d’hiver mais aussi de la fête du « Sol invictus ». De nombreux saints que l’on prie dans certaines circonstances particulières, prennent souvent la place des dieux païens qui étaient invoqués dans les mêmes circonstances.

Constantin était-il devenu chrétien ? Les historiens ne sont pas d’accord. Une chose est certaine, il n’a pas été canonisé par l’Eglise catholique, peut-être parce qu’il avait fait assassiner sa femme Fulvia et son fils Crispus. Il a par contre été sanctifié par l’Eglise Orthodoxe.

Beaucoup plus important pour la suite est de savoir pourquoi le Christianisme qui a ses origines dans le Judaïsme, est devenu pendant des siècles l’un des supports de l’antisémitisme sous le prétexte que les Juifs avaient tué Jésus ? Ce n’est que lors du concile « Vatican II » (1962) que l’Eglise a retiré du Missel la prière du Vendredi Saint, incitant les fidèles catholiques à « prier » pour la conversion du peuple perfide, responsable de la mort de Jésus.

Le Catholicisme étant devenu la religion d’état étroitement liée à l’Empereur et à l’Empire romain, les Romains ne pouvaient donc plus être responsables de la mort du Christ. Il fallait trouver un autre bouc émissaire. Les Juifs étaient les mieux placés, mais encore une fois, il fallait modifier les textes !


Pilate ((vers 10 avant J-C, vers 39 après J-C) a été procurateur de Judée de 26 à 36 après J-C. Ce n’était pas un tendre, d’après Flavius Joseph, il a réprimé dans le sang plusieurs révoltes juives. Mais dans les Evangiles, Il apparait certes un peu faible voir lâche, mais il en devient presque sympathique. Sa femme Claudia Procula selon les Evangiles apocryphes lui demande d’épargner Jésus. En se lavant les mains, il dit : je ne veux pas être responsable de la mort de cet innocent », (Matthieu). Il livre Jésus à Caïphe et ce sont donc dans cette « nouvelle version » de la Passion, les juifs du Sanhedrin qui auraient condamné et tué Jésus. Dans leur hâte, les pères de l’Eglise ont oublié deux choses lorsqu’ils ont réécrit les Evangiles, la première c’est que le Sanhédrin n’avait pas le pouvoir de condamner à mort sans l’accord des Romains et la seconde que chez les juifs la peine de mort se faisait par lapidation, c’est comme cela que sont morts Jacques et Etienne. Donc si les juifs avaient tué Jésus, il aurait dû être lapidé or il a été crucifié ce qui était la façon romaine d’exécuter les condamnés qui n’étaient pas citoyen romain. Ce ne sont donc pas les Juifs qui ont tué Jésus mais bien les Romains. Cette nouvelle rédaction faisait peut-être plaisir à Constantin, mais ne peut pas correspondre à la vérité historique. Dans l’Eglise orthodoxe, Claudia Procula est sanctifiée et dans l’Eglise copte Pilate et sa femme sont tous les deux honorés.

Il restait un dernier point à régler pour faire accepter la nouvelle vision que les pères de l’Eglise voulaient donner au christianisme. Il fallait transformer Jésus en occidental blanc et blond pour le débarrasser définitivement de son ascendance sémitique, c’est ce que les bandes dessinées de l’époque que sont les vitraux, ont fait pendant tout le Moyen-âge.


Politiquement, et doctrinalement, la situation étant claire, Il fallait maintenant fixer ce qui deviendrait les bases indiscutables du Christianisme.


En 367, Athanase, l’Evêque d’Alexandrie énumère les textes canoniques du Nouveau Testament. Ils sont 27 et peu différents de ceux qui ont été finalement entérinés plus de mille ans plus tard au concile de Trente en 1545.


De nombreux textes ont passé à la trappe car jugés apocryphes : l’Apocalypse de Pierre, les Evangiles de Thomas, de Pierre, de Philippe, de Judas…Ce sont ces documents qui, en partie, ont été retrouvés à Qumram et à Naj Hamadi.


Il existait un texte particulièrement discuté qui était l’Apocalypse de Jean. Certains le jugeaient d’inspiration trop « gnostique » et « millénariste » et ne voulaient donc pas le reconnaître, mais paradoxalement, Jean dont la doctrine n’avait pas été confirmé par les faits, restait très populaire.


Finalement, Denys d’Alexandrie fait pencher la balance, l’Apocalypse de Jean a été inclut dans les textes canoniques par un décret du Pape Damase en 382.

Formidable paradoxe que de voir après la victoire des Pagano-chrétiens, la Bible Chrétienne s’achever par le texte le plus Judéo-chrétien et le plus anti romain qui soit, et qui se termine par ces mots : « viens, Seigneur Jésus » qui font écho au « Maran atha » (le Seigneur vient) qui conclut la première épitre aux Corinthiens de Paul.


Les 2 doctrines chrétiennes les plus opposées se retrouvant dans un même cri d’espoir.


J’ai dit.



Approche du pavé mosaïque

Planche d'augmentation de salaire présentée par le Frère O E B

le Mercredi 13 novembre 6013